Dos Madres

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Mère espagnole cherche fils adopté au Portugal

Film noir ou film politique ?

Tout comme l’avait fait Pedro Almodovar, mais de façon mélodramatique, dans son dernier film, Madres paralelas en 2021, Dos Madres se penche à son tour sur une période noire du franquiste où le pouvoir arrachait des enfants à leur mère. Le film commence sur des cartes, des mains de femme aux ongles rouges, des chemins qui se croisent comme quelque chose ou quelqu’un qu’on recherche. Le spectateur est un peu perdu, mais ce n’est pas désagréable. Surtout que le visage de Lola Dueñas, actrice éminemment almodovarienne, qui apparaît. Ça commence en effet comme un film noir, un film de vengeance. On comprend qu’il s’agit d’une femme triste qui recherche son fils. Peu à peu les liens se tissent, on devine qu’il lui a été enlevé par le gouvernement franquiste et qu’il aurait été adopté par une autre femme qui vit maintenant au Portugal. Le réalisateur s’en explique un peu dans le dossier de presse du film : « Dès le départ, j’ai imaginé un film de vengeance et donc un film violent. Un thriller policier sur une femme qui a été piégée par le système et cherche à prendre sarevanche. Je savais aussi que cette histoire s’insérait dans une réalité,celle d’un scandale rapporté par la presse, révélateur des recoins les plus sombres de l’histoire espagnole contemporaine, une plaie condamnée à rester toujours ouverte. J’ai fait entrer dans le récit un autre personnage, une femme avec sa propre vie, son propre rapport à la violence. »

Blonds comme les blés

Et puis, très vite, le film devient ennuyeux parce qu’il change de genre et se transforme en récit d’une rencontre entre ces deux femmes que rien ne devait rapprocher sinon la présence de ce fils entre elles qui, loin de devenir un objet de litige ou de jalousie, les rapproche plutôt dans une quête de recherche de la vérité et de désir de vengeance. Et tout à coup, ils deviennent blond platine tous les trois et, ainsi, le spectateur n’y comprend plus rien. De policier, puis de politique, le film devient psychédélique et c’est le réalisateur, dont c’est le premier long-métrage, après trois courts, qui le résume le mieux sous forme de poème débridé :

« C’est un film sur la violence.

C’est un film sur des mains / Un film sur des cartes.
C’est un road-movie. Un film sur les sentiments. Les sentiments qui prennent la route.

C’est un film d’aventure. Un triste film d’aventure.
Triste, mais lumineux aussi.
C’est un film politique. Profondément politique. Intimement politique.

C’est une comédie musicale. C’est une chorégraphie.

C’est un film sur des lettres. Des lettres qu’onécrit.Des lettresqu’onlitàvoixhaute, des lettres qui deviennent des messages audio.

Roberto Bolaño, Amuleto

C’est un thriller. C’est un film noir, c’est une enquête policière.
C’est un mélodrame.

C’est un film
qui devient un autre film, qui devient un autre film, qui devient un autre film.

C’est un film sur une mère, sur une mère, sur son fils.

C’est un film sur la possibilité d’être quelqu’un d’autre?
Sur la possibilité de changer son destin. Sur la possibilité d’être à deux endroits au même moment :

Ici. Et là. »

Comprenne qui pourra.

Titre original : Sobre todo de noche

Réalisateur :

Acteurs : , ,

Année :

Genre :

Pays :

Durée : 109 mn


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