Réaliser un premier film autour d’un concept haletant centré sur un huis clos social en seulement six semaines de tournage, tel était le pari ambitieux d’Angelo Cianci, déjà auteur de plusieurs courts métrages remarqués. Cependant, lorsqu’on remarque le manque de moyens, l’économie involontaire de jours de tournage et un scénario bancal, on constate cruellement que l’essai ne semble pas réellement transformé.
L’histoire se déroule au dernier étage d’une tour HLM. Un simple huissier (Hippolyte Girardot) se fait kidnapper par un jeune turbulent et perdu (Aymen Saïdi) par la peur que les policiers découvrent un colis de cocaïne qu’il cache gentiment sous son lit pour un de ses camarades dealers. D’un geste impromptu et irréfléchi,
il impose l’enfermement et la séquestration à un père (Fellag) immobile et impuissant. Que ce soient l’huissier face à la réalité sociale ou le père défié par son propre fils, ce sont désormais trois personnages liés par des soucis de communication qui devront cohabiter et se supporter dans un espace-temps suspendu.
Malgré une situation prenante, le film expose naïvement sa principale lacune : un scenario brinquebalant plombé par des dialogues limités voire enfantins, des incohérences impardonnables
et des pistes judicieuses à peine explorées. Le spectateur est prêt à croire à l’improbable mais pas à l’impossible. Lorsque l’huissier, menotté à un radiateur, entame une conversation braillée avec sa femme par la fenêtre du septième étage aux volets fermés en plein milieu d’une cité bruyante et bouillonnante, la concentration du spectateur s’étiole sauvagement. Sans oublier la scène perturbante et dénuée de tout second degré où kidnappeurs et kidnappé vont faire un gros dodo pour reprendre la prise d’otage le lendemain matin. Le scenario tente vaguement de lier drame et comédie et perd en route la tension attendue par le concept du film. L’aspect dramatique se retrouve dénaturé et malgré une complicité naturelle entre les comédiens, offrant des moments justes et plaisants, les situations cocasses ne sont que légèrement développées.
La dimension politique est elle aussi à peine effleurée et abandonne des questions sans réponses. Le récit se déroule un 11 septembre mais pourrait très bien avoir lieu un 2 août ou un 24 février. Il se concentre sur les relations entre les trois personnages mais oublie le contexte dans lequel il se situe. Pourquoi le placer dans une tour HLM si les implications sociales n’y sont pas clairement définies ? Ces oublis pèsent sur le film, lui offrant même des préjugés évitables. Se voulant être un autre regard sur les quartiers défavorisés, il dépeint malgré tout un personnage de jeune homme aux trois passions : le foot, le rap et le commerce (de drogue, évidemment).
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