Clermont-Ferrand : Jour 5

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Comment distinguer le festivalier fidèle du néophyte ?

Un homme, seul dans la forêt, s’occupe de ses chiens, chasse, dépèce, regarde une danseuse à la télévision, dans sa maison rurale. Plus franchement humain, l’homme n’ouvre jamais la bouche : aucune communication, contrairement à ses chiens, qui grognent, aboient. Pourtant, l’homme se rend au supermarché, fusil en bandoulière. Il y pénètre le soir, prend quelques produits, passe à la caisse, paie. En revenant chez lui, quelque chose change, il ne supporte plus ses chiens. Il les tue, un à un, la fille danse devant l’habitation, accompagnée d’un black metal tonitruant.

Premier film de Caroline Poggi, Chiens (2012) décrit la trajectoire d’un individu mené d’une pseudo animalité à une folie meurtrière. Le titre semble déjà dire toute l’inhumanité du personnage principal. Tous des chiens, pas d’hommes. La gravité du film tient par cette absence de musiques (excepté à la fin), le son est seulement nourri par des aboiements. Poggi semble vouloir faire partager la solitude du personnage au spectateur.

L’ambiguïté de cet homme est distillée tout au long du film, encore un peu humain, la télévision, son fusil, la caisse du supermarché, il ne semble pas avoir conscience des effets néfastes de sa réclusion. Chiens gravite autour de l’inconscience d’un homme perdu, reniant ses envies. Poggi cache intelligemment les causes de l’isolement, elle ne s’intéresse qu’aux conséquences. Chiens décrit cet instant charnière où tout bascule.

Clermont-Ferrand : Jour 4


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