Comme si on y était
Pendant ces quinze jours de mai, les objectifs du monde du cinéma sont braqués sur la ville française et ses invités. Les rédactions des grands quotidiens d’informations envoient sur place leurs spécialistes cinéma, les journaux télévisés réservent quelques minutes quotidiennes à la montée des marches, et certaines radios s’installent également sur la Croisette. Nous savons tout au jour le jour des films présentés, des équipes venues les soutenir, et de l’accueil du public et des professionnels, grâce aux articles quotidiens, aux émissions exceptionnelles, aux blogs des journalistes ou de simples spectateurs, aux post facebook… Nous pouvons presque tout savoir du déroulement du festival, pour peu qu’on se donne la peine de s’informer.
Pour ce qui est du glamour de Cannes et sa pléiade de stars, il n’y a pas non plus d’inquiétude à avoir, nous sommes certainement dans nos canapés aux meilleures places. En effet, à qui d’autre qu’aux médias, prêts à capturer la meilleure image, le plus joli sourire ou la meilleure interview, est destiné ce cérémonial du tapis rouge ? Le glamour de Cannes est édifié pour le spectateur de télévision, c’est l’os à ronger qu’on lui donne pour mieux rêver de paillettes et d’une certaine idée du cinéma. Mais le cinéphile dira lui qu’il s’en moque bien du sein dévoilé de Sophie Marceau, et qu’il aurait bien aimé découvrir le nouveau Coppola en même temps que le festivalier.
Il y a quand même certains cadeaux des distributeurs, et des programmateurs généreux pour tous ceux qui ne sont pas là. Quatre films en compétition officielle 2009 sont déjà sortis en salle depuis le 20 mai : Etreintes Brisées de Pedro Almodovar et Vengeance de Johnnie to, ainsi que Looking for Eric le 27, et Jusqu’en Enfer de Sam Raimi, présenté hors compétition. Sont également attendus très prochainement le Marina de Van (Ne te retourne pas), Antichrist et Les beaux Gosses, comédie de Riad Sattouf précédée d’une jolie rumeur. Le Forum des images propose également de découvrir la totalité des films présentés à La Quinzaine des réalisateurs du 27 mai au 6 juin (privilège néanmoins réservé aux parisiens).
On ne peut plus nier que certains films peuvent être découverts pendant les réjouissances, et que pour ceux qui sortiront à la rentrée, l’attente de l’été ne devrait pas être trop insoutenable. D’un autre côté, de nombreux films ne seront peut-être pas distribués, et il y a les films de Cannes Classic offerts sur grand écran, et parfois présentés par des maîtres en personnes (Scorsese offre une copie restaurée des Red Shoes de Michael Powell) qui, hélas, resteront hors de notre portée.
Le condensé informatif
La « fine » équipe du Grand Journal apparaît au premier abord comme la solution idéale pour « suivre » la quinzaine dans son fauteuil, puisque l’émission en clair de Michel Denisot, 100% cinéma pendant dix jours, promet le cocktail alléchant de réactions à chauds de l’accueil des films, d’invités de marques, de décodages des films, et d’interviews en mode complice. Si l’émission parvient à nous rendre compte de l’actualité des films présentés en compétition, seul Frédéric Beigbeder tente, pendant les deux minutes chrono qui lui sont accordées, de dégager quelques thématiques parcourant les films présentés quotidiennement, en jetant souvent un œil aux sections parallèles.