Cannes 2018, jour 7

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Trois films, trois sélections. Spike Lee pour la Compétition Officielle, Romain Gavras pour la Quinzaine des Réalisateurs et Andréa Bescond, Eric Métayer pour Un Certain Regard. Trois univers, trois sujets très forts et trois visions du monde.

Spike Lee et BlackKklansman : un message clair anti-Trump

Spike Lee, réalisateur très attendu à Cannes cette année, que l’on connaît pour ses films Inside Man – l’homme de l’intérieur (2006), Malcom X (1992) ou encore Do the Right Thing (1989), a décidé cette fois-ci de s’attaquer au combat mené par les Afro-Américains au début des années 70. A cette période, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes villes des États-Unis. Ron Stallworth devient le premier officier Noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son arrivée est accueillie avec scepticisme, voire avec une franche hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes et, peut-être, laisser une trace dans l’histoire. Il se fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions.

Avec ses deux acteurs principaux, John David Washington et Adam Driver, Spike Lee a tenté de raconter l’histoire folle et vraie de cet officier qui a infiltré le Ku Klux Klan. Et c’est très décevant. Bien sûr, le propos et l’engagement du réalisateur sont intenses. Mais côté réalisation et scénario, on ne peut qu’être déçus par un manque total de suspense, d’intrigue, dans cette enquête qui malheureusement s’avère sans rythme. Aucune réaction de la part de la police ou des membres odieux du KKK, que l’on aurait imaginée. Tout est très lisse et se conclut par des images réelles d’attaques contre les Américains de la part de ce groupe raciste, homophobe et antisémite. On aurait aimé, surtout de la part de cet excellent réalisateur, avoir un peu de quoi s’émoustiller, s’inquiéter. Une intensité, en résumé.

 

Romain Gavras, Le monde est à toi ou à lui ?

Quinzaine des Réalisateurs, Romain Gavras a décidé de nous faire rire avec un film excellent. Pourquoi ? Le jeune réalisateur a compris comment fonctionnaient les acteurs. Que ce soit Isabelle Adjani, Vincent Cassel ou le très bon acteur principal, Karim Leklou, Romain Gavras exploite chaque facette et jeu de son casting pour un film drôle, soutenu et très bien réalisé.
François, petit dealer, a un rêve : devenir le distributeur officiel de Mr Freeze au Maghreb. Cette vie, qu’il convoite tant, vole en éclats quand il apprend que Dany, sa mère, a dépensé toutes ses économies. Poutine, le caïd lunatique de la cité propose à François un plan en Espagne pour se refaire. Mais quand tout son entourage, Lamya son amour de jeunesse, Henri un ancien beau-père à la ramasse tout juste sorti de prison, les deux jeunes Mohamed complotistes et sa mère chef d’un gang de femmes pickpockets, s’en mêle, rien ne va se passer comme prévu ! Entre film d’action et comédie, Romain Gavras signe l’un des meilleurs films présentés à la Quinzaine, avec l’oeuvre de Gaspar Noé.

 

Les Chatouilles, beaucoup trop d’émotions

Il en faut à Cannes, des films qui nous prennent au corps, qui nous retournent, qui nous bouleversent. Les Chatouilles fait définitivement partie de cette catégorie-là. Réalisé par Andréa Bescond et Eric Métayer, le film raconte l’histoire triste et horrible de Odette, huit ans. Elle aime danser et dessiner. Pourquoi se méfierait-elle d’un ami de ses parents qui lui propose de « jouer aux chatouilles » ? Une fois devenue adulte, Odette libère sa parole, et se plonge corps et âme dans sa carrière de danseuse, dans le tourbillon de la vie…
Adapté de la pièce qui a été jouée au théâtre Montparnasse, Les Chatouilles parle de pédophilie à travers le personnage d’Odette, ses parents, son entourage et sa difficile adaptation à la vie quotidienne après un viol de longue durée. Bien sûr, le sujet est bouleversant, on retient ses larmes. Les acteurs sont extraordinaires, surtout Pierre Deladonchamps dans le rôle du pédophile et Karin Viard en mère odieuse. Si le propos intéresse, la réalisation, un peu terne, manque de qualité pour soutenir le propos. La photographie est décevante. Un film dur, qui permet de prendre conscience de nos réalités, les meilleures comme les pires.

A suivre sur le site, l’événement Lars Von Trier à Cannes, les talents Adami avec les acteurs et actrices qui passent derrière la caméra pour « faire la fête » et le Star Wars présenté Hors Compétition.


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