Bilan du Festival de la Rochelle, du 2 au 11 Juillet

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A ceux qui reprochaient à la 37e édition de se laisser aller à un brin de consensuel, le Festival International du Film de La Rochelle aura répliqué en 2010 par la mise en scène de l’inconnu, voire de l’incongru.

Trop de valeurs sûres en 2009 ? Qu’à cela ne tienne ! Nombre de cinéastes invités cette année n’étaient que peu ou pas connus en France. Contre la menace du politiquement correct, le Festival 2010 a opté – avec succès – pour l’incorrection ; celle du matérialisme le plus abject – au risque de s’attirer les foudres des plus prudes d’entre nous – chez le très controversé Lucian Pintilie, celle de l’atonalité narrative chez Peter Liechti, celle de l’inconfort voyeur avec les films de Ghassan Salab, celle enfin de la monstration austère d’une réalité anthropologique parfois dérangeante et aux antipodes de la nôtre, chez le Russo-Kazakh Sergey Dvortsevoy.

Même du côté des cinéastes reconnus, la sélection comportait une certaine part de risque : refusant l’assimilation de l’oeuvre à l’auteur, le festival a permis à un public trop souvent sceptique de (re ?)découvrir la filmographie d’un Kazan irreductible aux seuls stigmates du maccarthisme. Dans un autre registre, le festival aura contribué à redonner ses lettres de noblesse à un cinéma injustement considéré comme mineur : la comédie.

Se relevant à peine d’une longue traversée du désert, Pierre Etaix, généralement inconnu des moins de cinquante ans, a désamorcé le cliché relativement répandu d’un festival fermé sur lui-même et réservé à l’élite. Finalement, seuls les Rohmer auront quelquefois peiné à trouver leur public. Comme quoi, même dans un festival comme celui de La Rochelle, l’on peut préférer le clown au professeur de lettres…


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