Bajirao Mastani

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Ce film marquera-t-il le retour du « made in Bollywood » en France ? On le souhaite.

Des décors fabuleux

Bollywoodien en diable, le nouveau film de Sanjay Leela Bhansali, à qui l’on doit entre autres Devdas en 2002, présenté hors compétition au festival de Cannes dans la foulée, ne décevra pas les amateurs du genre dans son traitement, sa mise en scène follement kitsch revendiquée et ses exubérances de danses et de chants. Avec des décors fabuleux, une mise en scène époustouflante et des chansons lancées sur les ondes bien avant la sortie du film pour en assurer le succès en Inde, Bajirao Mastani va connaître sans doute un grand succès en France auprès de la communauté indienne, mais pas seulement, malgré quelques faiblesses scénaristiques. Le film connaît d’ailleurs déjà un grand succès surtout pour l’une des chansons chorégraphiées dans le film et qui est magnifique, Pinga. Après Deewani Mastani, Sanjay Leela Bhansali fait de nouveau appel à Remo D’Souza pour chorégraphier une scène de fête où les femmes dansent le Pinga, souhaitant une longue vie à leurs maris absents. C’est l’occasion à Kashi et Mastani, réconciliées en quelque sorte, de danser ensemble. Pour cette scène, qui évoque celle de Re Dola Re Dola dans Devdas, le réalisateur a tenu à ce que toutes les lampes à huile et bougies soient réelles et allumées en permanence, ce qui (outre les accidents évités sur le tournage) a conféré une chaleur particulière à la scène. 170 millions de vues sur Youtube ! Succès garanti donc.

Des acteurs prodigieux

Le film est servi par une belle lumière, l’image impeccable de Sudeep Chatterjee, des costumes sublimes. Étant donné qu’il n’existait aucune représentation de Kashi bai, les peintures de Raja Ravi Varma furent utilisées comme référence pour dessiner ses looks et ses costumes : Modi dessina pour Priyanka Chopra 80 saris traditionnels aux couleurs vives (jaune, rose flashy, vert émeraude et violet) inspirés des tableaux. Ces costumes faits main furent cousus par des artisans de Maheshwar, Chander et Varanasi. Et bien sûr l’interprétation parfaite d’un trio de vedettes célèbres en Inde, Ranveer Singh, Deepika Padukone et Priyanka Chopra auxquels se sont adjointes de nombreuses autres vedettes. Le film se passe en Inde au XVIIIe siècle mais parlera aussi aux spectateurs contemporains parce qu’il traite d’amour (au-delà des religions) puisque le film raconte l’histoire du jeune Peshwa, Bajirao, guerrier émérite doté d’une grande sagesse spirituelle. Quelques années plus tard, durant un de ses voyages, Bajirao rencontre Mastani, fille du roi rajpoute hindou Chhatrasal et de sa conjointe musulmane perse Ruhani Bai. Et, bien sûr, il en tombe follement amoureux. Musulmane, elle entrera comme concubine ou maîtresse à la cour du Peshwa, même si celui-ci est déjà marié à une hindoue et surveillée de près par sa mère et sa famille. Une belle fresque romantique et baroque, dans le plus pur style bollywoodien qui, de plus, a vocation de lutter contre les préjugés antimusulmans en Inde.

Une histoire d’amour et de mort

Bajirao Mastani, l’un des films indiens les plus chers de l’histoire, est sorti le 18 décembre 2015 sur 2700 écrans dans le monde, dont la majorité en Inde. Avant même sa sortie, et sans avoir vu le film, les descendants de Bajirao, Mastani et Kashi bai avaient exprimé leur désaccord concernant les séquences dansées de Malhari et Pinga, ainsi que les saris aux ventres dénudés portés par Kashi bai et Mastani durant la chanson Pinga. Ils considéraient également les dialogues « vulgaires », ce moment étant « un moment privé » montré dans la bande-annonce, et trouvaient que trop de libertés créatives avaient été prises par le réalisateur. À partir de septembre 2017, Bajirao Mastani est pourtant le quatrième film à Bollywood en termes de revenus et le troisième sur les marchés étrangers. Ce qui fait de lui le neuvième film de Bollywood et l’un des plus importants des films indiens, en termes de revenus, de tous les temps. Et il déboule en France le 25 juillet : tous à vos saris, vos danses et l’encens de vos rêves !

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Durée : 158 mn


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