Absolutely Anything

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Un film beaucoup trop sage, déserté par l´absurde.

Quand un nouveau film réalisé par Terry Jones est annoncé, notre impatience et notre excitation sont inversement proportionnelles à celles d’un perroquet mort, tant son nom est pour toujours et à jamais indissociable (en ce qui nous concerne) de ceux de Chapman, Cleese, Palin, Gilliams et Idle. Bien sûr, Jones a eu à l’instar de ses pythonesques collègues une carrière en solo, il n’empêche que c’est la mère de Brian et Sir Bedevere qui surgissent dans notre esprit à l’évocation de son nom. Et ce n’est pas le début d’Absolutely anything qui nous contredira car, entre les extraterrestres doublés par la troupe du Flying circus herself (hormis Chapman, ça va de soi) et la chanson introductrice qui ne va pas sans rappeler la Galaxy Song du Sens de la vie (Monty Python’s The Meaning of Life, Terry Jones, 1983), tout nous ramène aux Monty Python. Excepté l’essentiel, les éclats de rire que pouvaient entraîner un débat sur les hirondelles ou une chanson entonnée par des crucifiés.

Neil Clarke (Simon Pegg, apparemment désormais autant lié aux zombies qu’aux aliens), aspirant écrivain, est enseignant dans une Comprehensive School, secrètement amoureux de Catherine sa voisine du dessous (Kate Beckinsale, dont nous n’aurons pas la cruauté de rappeler la filmographie) et ouvertement méprisé par son patron jusqu’à ce qu’un conseil intergalactique et un tirage au sort ne viennent bouleverser sa vie. Afin de savoir si les habitants de la Terre méritent encore d’exister, une réunion d’extraterrestres va lui confier des pouvoirs illimités. S’il se montre capable de reconnaître le bien du mal, l’humanité survivra ; sinon les derniers mots de Paco Rabanne pourraient bien être « je vous l’avais bien dit ».

 

Au vu du résumé et de l’identité du réalisateur, nous sommes dans notre bon droit en espérant un film absurde, saupoudré de non-sens et malheureusement ces gags-là sont bien trop rares alors même que le film en permettait tellement. Neil peut tout faire, peut tout avoir (le « absolutely anything » du titre) et il commence à se servir de ses super pouvoirs comme nous nous y attendions : il veut avoir un corps parfait, il veut que son patron l’aime etcetera ; l’élément de surprise réside dans le fait que les vœux, toujours pris au premier degré, sont toujours exaucés au pied de la lettre. Ainsi Neil manque-t-il se retrouver dans Shaun of the Dead (Edgar Wright, 2004) en souhaitant que ceux qui sont morts ne le soient plus, la blague marche un temps mais s’épuise rapidement. Les vannes les meilleures sont celles qui sont gratuites, celles où il transforme son meilleur ami en saucisse et où son patron lui dit qu’il est « feckless. Without feck » (traduit par « vous êtes sans feck »). Ce sont les seules fantaisies que se permet Jones, qui a plus l’air de vouloir offrir une comédie romantique grand public qu’autre chose, et se prive donc de gags décalés ou de mauvais goût (juste une crotte de chien qui sort d’une pièce en marchant).

Il ne fait pratiquement aucun doute que la promotion sera centrée sur Robin Williams ; sorti quasiment un an jour pour jour après sa mort, Absolutely anything est son dernier film. Dans le rôle de Dennis, un chien qui parle. Oui. Encore un chien qui parle. On pensait, naïvement, que Là-haut (Up, Pete Docter, 2009) avait définitivement ringardisé cette agaçante figure du cinéma pour enfant mais non, la revoilà. Les animaux qui parlent, ce n’est plus possible (et le doublage de Williams n’est pas à mettre en cause) ; alors que les chiens qui mangent l’air de rien avec une fourchette, c’est plutôt drôle. Absolutely anything regarde le plus souvent dans la direction de Bruce tout-puissant (Bruce Almighty, Tom Shadyac, 2003) alors que l’on aurait préféré qu’il se tourne vers H2G2 (Garth Jennings, 2005).
Nous partions pourtant pour la projection avec l’envie de rire mais l’absence de rythme, la platitude qui en résulte et l’apparente économie de moyens sont peu à peu venues à bout de notre bonne volonté.

Titre original : Absolutely Anything

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Durée : 85 mn


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