A la carte

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Une comédie navrante.

Par quel prodige Nacho G. Velilla, le réalisateur d’À la carte (Fuera de Carta), est-il donc parvenu à rendre son personnage principal aussi insupportable ? Présentation : Maxi, la quarantaine, chef tyrannique d’un restau gastronomique dans le quartier de Chueca à Madrid. Ambitionne une étoile au Michelin et n’hésitera pas à écraser ceux qui se trouveront sur son chemin. Vie privée : homosexuel, père de deux enfants qu’il n’arrive pas à aimer. Revendique perpétuellement son homosexualité. Meilleure amie : son maître d’hôtel, elle aussi bien paumée, qui cherche un peu trop le grand amour pour le trouver.

En fait, on peut légitimement supposer que le personnage de Maxi a été écrit pour paraître un peu bourru, mais qu’il est aussi censé rester fondamentalement sympathique. C’est tout l’inverse qui se produit. Il est « le » beauf gay par excellence, caricatural au possible, perpétuellement saisi d’une sorte d’état de transe qui se révèle bien vite fatigant, parlant pour ne pas dire grand-chose, brassant du vent à longueur de geste.

Il faut bien dire que l’interprétation de Javier Camara (dont le visage nous est principalement familier pour l’extraordinaire prestation qu’il aura livrée dans le Parle avec elle d’Almodovar), est absolument catastrophique. En surjouant son personnage, il amplifie le côté insupportable de « la chose ».

Le principal argument d’A la carte, son héros bourru au grand cœur, tombe donc à l’eau. Et malheureusement, même en cherchant bien, on ne voit pas trop ce qui pourrait dès lors « sauver » le film. Les autres personnages sont soit eux aussi tellement excessifs qu’ils en deviennent lourdingues, soit trop superficiels pour qu’on les retienne vraiment. Les dialogues cèdent à une facilité déconcertante, les blagues et autres vannes ne sont jamais drôles, celles ayant trait à l’homosexualité se payant même le luxe d’être inutilement vulgaires. L’intrigue n’est pas folichonne non plus, les retournements de situation étant bien trop brusques pour être crédibles (voir la dernière séquence entre Maxi et son fils).

Bref, A la carte s’éloigne largement du « petit » film social sur l’homosexualité, de la comédie drôle, légère et enlevée qu’il ambitionnait probablement d’être. Un film raté, tout simplement.

Titre original : Fuera de carta

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Durée : 111 mn


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