A coup sûr est le premier film en tant que réalisatrice de Delphine de Vigan, auteur de Rien ne s’oppose à la nuit (JC Lattès, 2011), autobiographie belle et douloureuse sur le rapport à la mère notamment. La jeune cinéaste juge bon de préciser en dossier de presse que le feu vert d’Epithète Films “est intervenu bien avant la parution” du livre, et “qu’ils n’ont donc pas essayé de surfer sur un succès de librairie”. On aurait presque préféré que ce soit le cas, cela aurait expliqué en partie la raison d’être d’un film aussi mal fichu que pas drôle, où les clichés s’enfilent comme des perles, où chaque situation découle logiquement de la précédente, sans l’ombre d’une surprise ni la moindre idée de plan ou de mise en scène. Delphine de Vigan affirme qu’elle a voulu “éviter autant que possible la vulgarité”. De fait, A coup sûr a le mérite ne pas trop l’être ; c’est aussi, bizarrement, une des raisons du naufrage, les scènes déroulées ici prêtant tellement le flanc à l’humour gras que seule une trivialité totalement assumée (comme chez les frères Farrelly par exemple) aurait pu les faire exister.
L’idée de la performance à tout prix dans la société actuelle (il faut être le meilleur, apporter une plus-value), si elle n’est pas neuve, est loin d’être inintéressante, et il y aurait eu matière à broder quelque chose d’autrement plus cynique, d’autrement plus percutant. Le personnage secondaire de Valérie Bonneton est à ce titre assez bien dessiné : outre le fait que l’actrice est la seule à être drôle, son rôle de femme au foyer dépressive/nunuche fonctionne bien dans une scène où elle explose, mais sans colère, et dépeint sa condition de meuble, de pièce rapportée à laquelle personne ne prête vraiment attention avec une lucidité aussi inattendue que bienvenue. Elle s’est résignée à une place de second choix : elle est l’antithèse d’Emma, et on l’aime bien plus qu’elle, horrible personnage au destin tout tracé qui range au placard sex-toys et épanouissement sexuel dès lors qu’elle trouve, suprême revirement de situation, l’amour.