33e Festival Anima de Bruxelles

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Du 28 février au 9 mars, la Belgique sera animée, ou ne sera pas.

Anima, c’est le festival qui, pour la 33e année maintenant, réunit petits et grands autour de productions, souvent incroyables, issues du genre merveilleux que constitue le cinéma d’animation. C’est ainsi l’occasion pour chacun, amateur curieux ou cinéphile aguerri, de partager autour d’une catégorie dont on parle moins au quotidien. Du 28 février au 9 mars, donc, le Festival Anima permet de rattraper ces manquements. Un point sur ce que nous réserve cette 33e édition.

Les films d’ouverture et de clôture privilégient souvent des œuvres plus connues du grand public, offrant ainsi à tout un chacun le privilège de l’avant-première. C’est ainsi que le festival ouvrira ses portes avec la projection du dernier film du très grand Hayao Miyazaki, Le Vent se lève (2014), déjà sorti en France, mais pas encore en Belgique (sortie prévue le 5 mars 2014). Pour clore les festivités, ce sera Tante Hilda ! (Benoît Chieux, Jacques-Rémy Girerd et Iouri Tcherenkov, 2013), le dernier né du studio Folimage (La Prophétie des grenouilles – Jacques-Rémy Girerd, 2003 ; Une vie de chat – Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol, 2010), qui sera projeté. Sabine Azéma et Josiane Balasko prêteront leurs voix à cette fable écolo à l’apparence très colorée, qui continue d’explorer les nouvelles perspectives de l’animation 2D.
 
 

 

 L’Arte della Felicità d’Alessandro Rak
© Big Sur srl
 

Outre la compétition nationale, qui compte pas moins de 36 films sélectionnés parmi les films belges, la sélection officielle a retenu quinze longs métrages, dont neuf en compétition internationale. De nombreux pays se côtoieront, pour toujours plus de découvertes. Nous voyagerons ainsi des hauts sommets de l’Himalaya (Arjun, the Warrior Prince – Arnab Chaudhuri, 2013) jusqu’au Japon, au sein d’un monde où tout est renversé (Patema Inverted – Yasuhiro Yoshiura, 2013), ou encore au Brésil, où un homme de plus de 600 ans nous contera l’histoire du pays (Uma Historia de Amor e Furia – Luiz Bolognesi, 2012), en passant par l’Italie (L’Arte della Felicità – Alessandro Rak, 2013) et, fort heureusement, par les États-Unis, où l’on aura enfin l’immense privilège de découvrir en avant-première la dernière réalisation de Bill Plympton (Cheatin’, 2013). Il y aura, bien sûr, des courts métrages à foison, à travers huit programmes (Best Of Shorts) comprenant aussi bien des films d’animations professionnels qu’étudiants. Le format du court métrage ne sera pas en reste puisque le festival ne lésine pas sur la programmation et l’organisation de ce qui constitue souvent un moment fort d’Anima. Il s’agit bien sûr de la Nuit Animée, qui renferme quelquefois de véritables perles d’animations.

 

Cheatin’ de Bill Plympton
© Plymptoons Studios
 

Et comme il n’y a pas d’âge pour savourer le cinéma, une programmation réalisée avant tout pour les enfants proposera elle aussi son lot de longs métrages, avec des nouveautés mais aussi des reprises. Les bambins pourront ainsi digérer leur crêpe au sucre devant des films comme Minuscule – La Vallée des fourmis perdues (Hélène Giraud et Tomas Szabo, 2012) ou La Grande Aventure Lego (Phil Lord et Chris Miller, 2014) mais aussi revoir les films à succès de l’année passée tel Ernest et Célestine (Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner) ou encore La Reine des neiges (Chris Buck et Jennifer Lee). En parallèle seront projetés des courts accessibles dès le plus jeune âge (la cinéphilie peut ainsi débuter dès trois ans), où l’on pourra par exemple retrouver les marionnettes de La Sorcière dans les airs (2012), film d’animation britannique réalisé par Max Lang (Le Gruffalo, 2011 ) et Jan Lachauer ainsi qu’un programme, Aardman Mania, qui proposera une sélection de cinq courts métrages du studio britannique Aardman, dont les créations nous lassent rarement. À côté de tout cela, les enfants pourront suivre un atelier d’initiation au cinéma d’animation, leur permettant d’appréhender différemment leur créativité et l’univers animé.

À travers ses différents focus, le festival choisit, chaque année, de concentrer son attention sur des créateurs, des tendances et des studios dont les activités sont directement liés à l’actualité du cinéma d’animation. Ainsi sera mis en avant le travail de l’argentin Juan Pablo Zaramella, réalisateur de nombreuses publicités et courts métrages dont, souvenez-vous, Luminaris (2011), qui a remporté pas moins de 200 prix à travers les différents festivals dans lesquels il a concouru. Membre du jury de la compétition internationale, Juan Pablo Zaramella sera présent à Anima durant tout le festival. Nous irons également découvrir l’histoire du studio polonais Platige Image, spécialisé dans la 3D et les effets spéciaux, qui connaît une véritable ascension dans le monde de l’animation, employant actuellement 150 animateurs et techniciens de l’image. Nous nous immergerons dans cette ruche créative le temps d’une rencontre. L’innovation et les progrès techniques sont au premier plan de l’histoire du cinéma d’animation et de ses avancées. Les années 2000 ont encore beaucoup de choses à inventer, comme nous le démontrera le focus consacré au cinéma autrichien, à travers la présentation d’un programme de treize courts, qui constitue la preuve concrète de la richesse artistique et de l’innovation technique de cet « avant-gardisme » autrichien.
 
 

Autour du lac de Noémie Marsily et Carl Roosens
© Zorobabel
 

Et le meilleur pour la fin, incontestablement, avec les trois jours Futuranima consacrés à la venue de professionnels et spécialistes de l’animation, qui partageront avec le public, à travers une masterclass, leurs savoirs et leurs expériences en matière d’animation. Nous pourrons ainsi découvrir, grâce à Kévin Shreck et Garrett Gilchrist, qui viendront chacun à leur tour nous présenter son travail, le projet fou et inachevé de Richard Williams. Si ce dernier est connu, c’est principalement pour avoir réalisé les célèbres génériques de La Panthère rose (Le Retour de la panthère rose et Quand la panthère rose s’emmêle – Blake Edwards, 1975 et 1976) et de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (Robert Zemeckis, 1988), ancrés dans nos mémoires depuis notre plus tendre enfance. Cependant, Richard Williams avait d’autres ambitions et consacra plus de trente ans de sa vie à un long métrage, The Thief and the Cobbler, qu’il laissera pourtant inachevé. À la manière d’un Lost in la Mancha (Keith Fulton et Louis Pepe, 2002), Kevin Shreck a réalisé Persistence of Vision (2012), un documentaire retraçant le parcours tumultueux du film et de la vie de Richard Williams. Garrett Gilchrist, de son côté, s’est efforcé de mettre la main sur les archives de Williams afin de proposer au spectateur un bout-à-bout de ce qu’aurait pu constituer ce fameux film. Ce type de séance constitue un must pour les plus curieux d’entre nous.

Lors du festival, nous fêterons les vingt ans de Zorobabel, atelier belge et créatif qui crée et produit des courts métrages d’animation depuis deux décennies. Ce sera pour nous l’occasion de revenir sur le parcours de cet atelier fécond et incroyable où les créations, nombreuses et souvent réussies, sont le signe d’un certain savoir-faire aussi bien manuel que technique, qui ne doit rien à Michel Gondry.  Enfin, nous aurons l’immense privilège de participer à une masterclass de près de sept heures de Bill Plympton, qui viendra présenter son dernier né, Cheatin‘, et bien d’autres choses encore. Nous reviendrons ainsi longuement sur la carrière prolifique de ce grand réalisateur qui continue, encore aujourd’hui, à financer ses propres films.

Les grandes lignes sont tracées. Le Festival Anima commence le vendredi 28 février, à Flagey, qui sera donc the place to be pendant dix jours à Bruxelles.
Il y aura des films et des crêpes pour tout le monde. À bon entendeur.

Plus d’informations sur le site internet du festival.


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