Patients

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Grand Corps Malade doit son nom de scène, en tant que slameur, à son accident au temps de son adolescence. Son histoire, il la raconte pour la première fois au cinéma, après l’avoir contée dans un excellent livre éponyme, Patients. Amis de toujours, Mehdi Idir et Grand Corps Malade coréalisent un film très bien ficelé, […]

Grand Corps Malade doit son nom de scène, en tant que slameur, à son accident au temps de son adolescence. Son histoire, il la raconte pour la première fois au cinéma, après l’avoir contée dans un excellent livre éponyme, Patients. Amis de toujours, Mehdi Idir et Grand Corps Malade coréalisent un film très bien ficelé, avec une histoire proche de la réalité, une bande de jeunes tétraplégiques qui s’arment de patience et d’humour pour mieux faire face à un quotidien hospitalier difficile.
Pari réussi
Tourné entièrement dans un centre de rééducation, Patients est tout sauf triste. Grand Corps Malade et Mehdi Idir réussissent le pari de rendre la maladie secondaire, assise sur un fauteuil roulant, et de donner la première place à l’amitié, l’amour, la vie. Autant dire que plan par plan, on se retrouve à même hauteur que les patients, les difficultés du quotidien et l’apprentissage à nouveau de la marche, des sensations, de l’appétit. À fort potentiel humain, Patients nous embarque dans une histoire, celle de Ben (incarné par l’excellent jeune acteur Pablo Pauly), qui doit repartir de zéro, réapprendre les gestes simples de tous les jours et à qui l’on donne une seconde vie.

 

 
Bande de potes à roulettes
Comparé au film La Haine, de Mathieu Kassovitz, pour le style et l’époque, Patients retrace dans un centre de rééducation l’esprit "bande de potes", véritables soutiens dans le rétablissement et l’acceptation de soi, de sa maladie. Avec brio – et une bande son assez exceptionnelle – Grand Corps Malade et Mehdi Idir proposent un objet cinématographie terriblement touchant et complet, qui roule du premier au dernier plan. On se sent proche de cette bande de copains, pour lesquels l’humour fait partie du quotidien, et l’univers de l’hôpital est bien éloigné de leur réalité et de leurs problèmes.
Premier long-métrage
Pour ce premier long-métrage en duo, différent des clips ou des films réalisés auparavant par Mehdi Idir avec souvent la musique ou la voix de Grand Corps Malade, on ne remarque que très peu de défauts. Patients tient du début à la fin sa trame humaine, le scénario est original, touchant, et les acteurs – presque tous inconnus – en harmonie et bien dirigés. Bref, c’est l’un des excellents films de ce mois de mars !


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