L’île de Nim (Nim’s Island)

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Malgré quelques faiblesses de montage, L´île de Nim, adaptée du livre de Wendy Orr par Jennifer Flackett et Mark Levin, est une comédie pour enfants honnête et appréciable.

« Aller n’importe où avec l’imagination »
Des mots d’enfants, un décor de livre animé, et l’histoire de Nim prend vie. Quelque part sur une île secrète du Pacifique sud, vit une fillette à l’imagination aussi démesurée que l’océan qui l’entoure. Née d’un père scientifique et d’une mère océanographe, disparue en mer, Nim (Abigail Breslin) passe ses journées à explorer son île à la manière d’Alex Rover, son héros de roman préféré. Le jour où Jack, son père, disparaît à son tour lors d’une excursion scientifique, Nim décide de recourir au courage d’Alex Rover avec qui elle communique par e-mail.

De l’autre côté de l’écran d’ordinateur, la découverte est étonnante. Jodie Foster alias Alexandra Rover, romancière à succès, pianote nerveusement. Indécise et angoissée elle s’interroge à propos de la requête de Nim. Cloîtrée depuis des semaines dans son immense demeure de San Francisco, elle hésite à relever le défi lancé par la jeune fille. L’amalgame créé avec le nom de son héros principal ne lui laisse pourtant pas le choix.

Une construction (trop) parfaitement symétrique
Un travelling avant sur le dessin de l’île plus tard, et le mail d’Alex Rover parvient à Nim. Construites avec une symétrie explicite, les aventures des deux héroïnes partagent une ressemblance évidente. Le film s’ouvre sur la présentation de Nim et de son île. Mademoiselle Rusoé, référence redondante à Robinson Crusoé, sillonne le moindre mètre carré avec ses allures d’aventurière. Munie d’une longue vue et de sa besace, elle passe son temps dans la nature, auprès de ses amis Fred, l’iguane perché sur son épaule, qui joue du tam-tam à ses heures perdues, et Selkie, l’otarie à qui elle se confie. Murée dans son oasis urbaine, Alexandra Rover, écrivain agoraphobe, vit seule parmi ses soupes en conserve et ses flacons de gel antibactérien quand elle ne discute pas avec son ami imaginaire, Alex Rover. L’opposition a priori flagrante, se meut en réalité en un discours identique sur le courage.

Le personnage d’Alex Rover incarne l’âme aventurière qui relie les héroïnes. Fantasme cathartique pour l’une, expérience d’identification pour l’autre, l’Indiana Jones imaginaire est interprété par le même acteur (Gérard Bulter) que le personnage du père. L’illusion d’ubiquité produite accentue l’argument principal du film : un héros se cache en chacun de nous, il suffit de lui faire confiance pour agir comme tel. Qu’il s’agisse d’évoluer sur une île paradisiaque ou dans l’environnement ultra réaliste d’une grande ville, l’enjeu est le même : dépasser ses limites pour avancer. Nim, enfant livrée à elle-même se surprend à descendre en rappel le flan d’un volcan, tandis qu’Alexandra parvient finalement à franchir le seuil de sa porte.

Une comédie familiale
Les décors sont enchanteurs et le casting ambitieux. Abigail Breslin insuffle une émotion justement dosée à Nim. Après le cynique Little Miss Sunchine, le changement radical de registre ne choque pas. Même constat pour Jodie Foster qui s’essaie à la comédie « slapstick» en multipliant les comiques de situation. Le personnage névrosé au possible, provoque un sourire franc mais pas toujours incontrôlable. Reproche qui s’explique par le défaut essentiel du film : son rythme. Certains moments auraient ainsi mérités plus de longueur, comme les séquences de la boum dans la cabane, d’autres tardent à venir, comme la rencontre de Nim et Alexandra. Quand aux interventions des « méchants » qui menacent la tranquillité de l’île, le recours surfait aux touristes obèses et artificiels manque son effet. L’ennemi n’effraie ni ne suscite réellement le rire tant la caricature est grossière.

Les âmes enfantines ont pourtant de bonnes chances d’y trouver leur compte. Sur l’île de Nim les enfants sont courageux, intelligents et libres. Les adultes, qui ont indéniablement besoin d’eux, se retrouvent plutôt ridicules livrés à eux-mêmes. Le happy-end familial, plus qu’attendu, s’avère incontournable dans cette comédie destinée aux enfants, tout comme la pédagogie et les gags animalesques qui trouvent leur semblant d’équilibre au milieu des décors magiques.

Revenus de l’île de Nim, un rêve d’aventure dans la tête et le mot « nanoplancton » ajouté au dictionnaire personnel, difficile de ne pas apprécier l’excursion à dix ans ou avec une âme d’enfant.

Titre original : Nim's Island

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Durée : 100 mn


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