Léa

Article écrit par

Elle s’appelle Léa et, à la mort de son père, la belle brune aux jambes infinies doit s’occuper de sa grand-mère malade. Seule, déterminée et ambitieuse, elle réussit à intégrer  Sciences-Po, dur d’accès. Mais avant d’aller à Paris, Léa reste au Havre auprès de sa grand-mère avec qui le quotidien devient difficile, entre les tâches […]

Elle s’appelle Léa et, à la mort de son père, la belle brune aux jambes infinies doit s’occuper de sa grand-mère malade. Seule, déterminée et ambitieuse, elle réussit à intégrer  Sciences-Po, dur d’accès. Mais avant d’aller à Paris, Léa reste au Havre auprès de sa grand-mère avec qui le quotidien devient difficile, entre les tâches ménagères, son petit boulot de barmaid et le cruel dilemme de l’argent.

Anne Azoulay dans le rôle de Léa.


Premier film pour Bruno Rolland

Après trois court-métrages à succès, Le Regard de l’autre, Quelque chose de différent et La Forêt du monde, l’ancien directeur du festival Les Rencontres Internationales Henri Langlois présente au grand public son premier long-métrage, Léa. Absorbé par cet univers de l’autre, du regard que l’on reçoit de la société et de ceux qui nous entourent, de l’image que l’on donne aussi, le réalisateur a dès le départ pensé à la comédienne Anne Azoulay pour interpréter ce rôle de femme battante et charismatique. C’est en travaillant à la fois à la télévision, au cinéma et au théâtre qu’Anne Azoulay a fait ses armes et acquis une aisance à incarner une femme plus ou moins éloignée d’elle-même, mais surtout à prendre confiance dans l’écriture, exercice qui lui a été proposé par Bruno Rolland.

Montrer plutôt que démontrer

Cette coécriture est intéressante dans la construction du film. Non seulement ce travail d’équipe permet un mix entre les idées du réalisateur et de son actrice, mais aussi cela permet à Anne Azoulay de s’inprégner totalement de son rôle en tant que Léa. Côté réalisation, la photographie du film, poétique et sensuelle, donne une impression de légèreté, de vagabondage. Le réalisateur a sans doute voulu laisser le film parler de lui-même, étant d’avantage dans l’histoire que dans le démonstratif. Par exemple, une scène du film se déroule dans les rues désertes du Havre en pleine nuit. La grand-mère de Léa s’échappe de l’appartement pour errer, sans prévenir, ce qui amène la jeune étudiante à courir la retrouver, paniquée. A travers cette scène, on sent la détresse et la pénibilité de s’occuper d’une personne âgée, malade, surtout lorsque l’on est seule et suractive. En aucun cas le réalisateur se place dans le jugement de l’autre, dans l’apitoiement mais il dresse le portrait d’une jeune femme courageuse, obstinée, qui ne se laisse pas abattre.

Douceur et brutalité

Le portrait de femme que propose le film Léa, cette tranche de vie à une étape cruciale – obligations familiales, travail, études – donne l’impression d’être extrêmement réfléchi, pensé par Bruno Rolland et Anne Azoulay. Entre force et faiblesse, le personnage de Léa ressemble à ces filles d’aujourd’hui qui utilisent plusieurs facettes de leur personnalité et de leurs capacités pour réussir et avancer. Cependant, la limite franchie par Léa, de la barmaid à la strip-teaseuse, à l’origine dépassée pour subvenir aux besoins de sa mamie, s’avère être pour elle-même, se mourant de ne plus être regardée.

Certes, Léa peut décevoir par son sujet, celui d’une jeune femme qui se nourrit du regard des autres. Mais il est traité de manière subtile et intéressante, le film pousse à la réflexion : jusqu’où va le vice de l’autre et l’addiction à autrui ? La réussite passe-t-elle par le dépassement de soi ?

A lire, notre rencontre avec Anne Azoulay, actrice principale du film Léa.



Warning: Invalid argument supplied for foreach() in /home/clients/8d2910ac8ccd8e6491ad25bb01acf6d0/web/wp-content/themes/Extra-child/single-post.php on line 73

Lire aussi

Chronique des années de braise: une épopée tumultueuse portée à son point d’incandescence

Chronique des années de braise: une épopée tumultueuse portée à son point d’incandescence

C’est toute une mémoire collective du peuple algérien que retrace l’odyssée mouvementée du paysan Ahmed, héros mythique d’une épopée visionnaire. Evoquées dans un scope 70 mm en Panavision éblouissant de lumière crue, ces années de braise sont le ferment d’une révolution qui embrase sourdement une population sacrifiée par la colonisation française. La fresque homérique oscille entre une conscience nationaliste aigüe et un lyrisme de tragédie grecque où le réalisateur Mohammed Lahkdar-Hamina se mue en oracle histrionique, voix prophétique et guide spirituel d’un peuple en quête d’émancipation. Analyse…