Pour cette comédie à forte connotation sociétale, le réalisateur Jérôme Enrico se serait inspiré d’une histoire vraie. Peut-être lui et ses trois scénaristes se sont-ils sentis protégés par une telle caution, et ne se sont-ils pas souciés un seul instant de donner un minimum de vraisemblance, ou de manière plus fondamentale, la moindre consistance aux péripéties et à la psychologie des personnages – au point que c’en devient embarrassant, avant tout pour des actrices souvent riches d’une carrière prestigieuse (outre Bernadette Lafont : Carmen Maura, Dominique Lavanant, Françoise Bertin…). On a honte de le dire, mais lorsque Paulette se fait tabasser par une bande de racailles, on ne ressent aucune indignation, aucun malaise, face au spectacle filmé avec insistance de cette petite vieille rouée de coups par plus forts qu’elle. La scène n’a rien de drôle ou d’intense mais elle fait impression. On est choqué de ne pas être choqué. C’est dire à quel point la paresse et la facilité peuvent verser, à leur insu, dans une inconséquence qui vire à l’ignoble.
Le sujet était casse-gueule mais virtuellement passionnant, ancré dans des réalités humaines, sociales, économiques, qui par le filtre de l’humour auraient pu en dire beaucoup sur une certaine France d’aujourd’hui. Mais en définitive, le seul trait remarquable de ce film rance est que la fausseté de chaque scène accomplit l’exploit de renchérir sur la précédente, dans une sorte de crescendo pathétique. D’où un résultat terriblement informe. Serait-il vraiment méchant ou tendre, populo ou subversif, drôle ou choquant, ce film aurait pu être sauvé en partie, mais à côté de Paulette, même Tatie Danielle (1990) d’Etienne Chatiliez devient un modèle de finesse, et Crédit pour tous (2011) de Jean-Pierre Mocky, avec Arielle Dombasle, fait presque figure de bon film… Tout est dit.