Ici, Gary King (Simon Pegg), adolescent attardé de 40 ans, parvient à convaincre ses quatre meilleurs amis d’adolescence de retourner dans la ville où ils ont grandi afin d’effectuer un « barathon » dans douze pubs au cours d’une nuit. Cependant, les choses ne se passent pas comme prévu et les habitants de la ville semblent étrangement avoir changé.
Troisième volet de la trilogie "cornetto three flavours" – appelée ainsi en partie à cause du fait que la fameuse glace soit le seul produit britannique à s’exporter avec succès à l’étranger -, Le Dernier pub avant la fin du monde est à nouveau scénarisé par le cinéaste et son acteur fétiche Simon Pegg – et ce pour notre plus grand plaisir suite à la semi-déception qu’était Paul (Greg Mottola, 2011), en partie en raison de l’absence du réalisateur sur le projet. Le scénario, qui traite une fois de plus du passage – tardif ! – à l’âge adulte, de la prise de responsabilités et de la lutte perpétuelle de l’individu face au collectif vient en quelque sorte boucler la boucle avec Shaun of the Dead, dont l’histoire n’était finalement pas si éloignée. Seule différence ici : un dénouement particulièrement sombre – voire quasi nihiliste – mais touchant, assez surprenant au regard de tout ce qui a précédé dans le film.
Doté comme d’habitude d’un humour ravageur et particulièrement british, le film est en grande partie porté par la troupe d’acteurs formant le groupe d’amis, à commencer bien évidemment par Simon Pegg et Nick Frost mais aussi Eddie Marsan, Paddy Considine et Martin Freeman – ainsi que d’autres surprises. Mais tout cela serait bien évidemment fortuit sans la présence d’Edgar Wright derrière la caméra, qui nous gratifie de scènes d’action hautement jouissives et maîtrisées. On retiendra des scènes de combat hystériques à l’intérieur d’un pub, dans les toilettes du même établissement ou tout simplement dans les rues de la ville. En digne héritier de Sam Raimi, le metteur en scène injecte son film de nombreuses trouvailles visuelles et effets tape-à-l’œil, par le biais d’un style très découpé, agrémenté par des mouvements de caméra épaule maîtrisés ainsi que par des zooms secs et rapides afin de ponctuer les diverses actions. Néanmoins, malgré tant de plaisir, impossible de ne pas regretter les autres films du réalisateur, plus généreux et inventifs encore. Peut-être est-il encore temps pour Edgar Wright de changer de ton et de registre afin de repartir de plus belle ? Tout cela est fort possible, le réalisateur ayant affirmé plancher actuellement sur plusieurs projets complètement différents dont un film de super héros pour Marvel, Ant Man, mais aussi un film d’horreur pur et dur ainsi qu’un film de science-fiction, Collision, produit par J.J. Abrams.
S’il est le film le moins réjouissant de la trilogie – et sans doute le moins réussi de tous les films du réalisateur -, Le Dernier pub avant la fin du monde reste néanmoins un divertissement de haute volée où l’action et l’humour demeurent extrêmement maîtrisés et dont le niveau dépasse de loin celui du cinéma anglais offert dernièrement.