Monsieur Papa

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Un premier film sympathique et inutile. A voir en famille.

A tout juste 12 ans, Marius est un gamin paumé dont le rêve est de rencontrer son père. Ne sachant où se cache le dit-géniteur, la mère (Michelle Laroque) embauche un inconnu (Kad Mérad) pour jouer le rôle. La mécanique est enclenchée.

C’est bien de mécanique dont il faut parler lorsqu’on évoque Monsieur Papa, et pour cause : les ficelles sont grosses, les personnages, les situations ont traîné partout et le cheminement narratif est balisé comme un sentier de Grande Randonnée. Une douce chape d’ennui entoure donc la vision de ce film où l’on prend la vie comme elle vient, où les problèmes d’argent n’existent pas, où les jeunes de cités sont des gosses inoffensifs qui jouent au foot, où les chefs d’entreprise font des semaines de 35h et où les chômeurs galèrent un peu, mais pas trop.

Bien que le premier film de Kad Mérad ne nous offre rien que nous n’ayons déjà vu et revu, il se regarde pourtant sans déplaisir. C’est qu’il convient de jauger Monsieur Papa à l’aune du genre cinématographique secret mais si prolixe auquel il appartient : le film du dimanche soir. Familial et attendu, tendre et moral, on attend de ce divertissement dominical qu’il réunisse sur le même canapé enfants turbulents et parents somnolents. Au sein de ce genre, certes mineur mais néanmoins garant de la cohésion de millions de foyers, Monsieur Papa est assurément une réussite.

Si les seconds rôles n’échappent pas à la caricature, le jeune Gaspard Meier-Chaurand (Marius) est touchant et le duo Mérad-Laroque fonctionne. Le choix de planter une partie de l’action dans le quartier chinois de Paris introduit un exotisme salvateur (bien que tout relatif) et nous épargne du même coup le circuit touristique habituel de la Capitale. Ça et là, des trouvailles de mise en scène, une séquence burlesque inattendue, des apparitions amies (Myriam Boyer, Clovis Cornillac…), une jolie japonaise et des poissons rouges : autant d’heureuses surprises qui trompent l’ennui. L’humilité du projet et la générosité du message finissent de nous rendre ce Monsieur Papa un rien sympathique. De là à aller le voir en salle, il y a d’évidence un pas qu’il ne faudra franchir que sous la contrainte de vos chères petites têtes blondes.

Titre original : Monsieur Papa

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Durée : 90 mn


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