The End of Violence

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Mike Max, producteur de films violents, est kidnappé par deux hommes engagés pour le tuer. Un témoin assiste à cette scène à distance : Ray Bering dont le métier est d´observer les rues de Los Angeles à l´aide d´un système de vidéo-surveillance. Le titre The End of violence est très beau et alléchant mais le […]

Mike Max, producteur de films violents, est kidnappé par deux hommes engagés pour le tuer. Un témoin assiste à cette scène à distance : Ray Bering dont le métier est d´observer les rues de Los Angeles à l´aide d´un système de vidéo-surveillance.

Le titre The End of violence est très beau et alléchant mais le contenu l´est nettement moins. Wim Wenders parvient certes à parler de cette agressivité présente dans la société sans montrer d´images violentes mais le talon d´Achille du film est visible et tient surtout du caractère apathique et décousu de ce dernier même si tout s´articule autour de Mike Max. Pénétrer dans l´intrigue s´avère difficile, voire impossible non pas parce que celle-ci est complexe mais tout simplement en raison de son manque de rigueur. Le côté thriller du long métrage ne parvient pas à happer le spectateur étant donné que bien des éléments y sont prévisibles comme le sort de l´ex-employé de la NASA. Il en est de même avec la relation bâtie sur la facilité entre Clara, la cascadeuse et Doc, le détective.

Les personnages sont introduits avec maladresse et surgissent çà et là dans film de Wim Wenders. Des liens les unissent mais ces derniers sont lâchement noués. Certains personnages ont une fonction complètement anodine : Andie MacDowell, par exemple, endosse quasi un non-rôle. Elle interprète l´épouse délaissée par son mari, producteur affairé à l´oreille sans cesse collée au téléphone. Le script de l´actrice anglaise est creux et sans âme et il n´est malheureusement pas le seul.

L´intérêt du long métrage se situe certainement ailleurs. Mais si l´on tente de se pencher sur une éventuelle réflexion sur la violence, on se heurte à un discours superficiel consistant à dire que la brutalité permet de s´enrichir : les spectateurs sont gavés de violence, elle constitue le gagne-pain des rappeurs, s´invite dans la musique et le cinéma parce qu´elle est cette corne d´abondance d´où s´écoule une myriade de billets verts alors même que le gouvernement travaille à son éradication. Tel est le paradoxe de la société Big Brother dont l´oeil se fait le témoin de la violence pour la combattre et la sanctionner mais qui, en même temps, se nourrit et se délecte d´images pleines d´agressivité.

Restent un jeu de mise en abyme travaillé, à travers la vidéo-surveillance, système que le réalisateur exploite afin de suggérer la perception erronée que nous avons de la réalité, ainsi que des références picturales, dont une qui renvoie à Hopper (Nighthawks) pour évoquer ce regard toujours déformé par un obstacle (une vitre ou un écran) mais l´ennui est déjà parvenu à dévorer trop de terrain.


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