L’Avenir est ailleurs

Article écrit par

L´amorce des années soixante a marqué le début d´une migration organisée par le BUMICOM (Bureau pour le développent des migrations dans les départements d´outre-mer), migration étalée sur deux décennies et au cours de laquelle un grand nombre d´Antillais se sont installés en métropole. Un emploi à la clef et une vie meilleure dans un Eldorado. […]

L´amorce des années soixante a marqué le début d´une migration organisée par le BUMICOM (Bureau pour le développent des migrations dans les départements d´outre-mer), migration étalée sur deux décennies et au cours de laquelle un grand nombre d´Antillais se sont installés en métropole.

Un emploi à la clef et une vie meilleure dans un Eldorado. Tel est le rêve qui a habité les esprits de dizaines de milliers d´Antillais frappés par la misère ainsi que par des troubles sociaux sur leur sol. Dans ce film-récit, Antoine Léonard Maestrati nous invite à découvrir l´histoire peu connue de ces hommes et femmes qui, munis d´un aller simple, passeport vers une terre promise, se sont très vite rendus compte qu´ils n´étaient pas des citoyens à part entière mais des << citoyens entièrement à part >>, pour reprendre l´expression de l´homme politique et écrivain Aimé Césaire. Neutre, la caméra se pose sur ces êtres qui, autrefois bercés par l´espoir scintillant d´une existence plus confortable, ont rapidement déchanté. Leur regard pointé vers l´horizon prometteur s´est très vite heurté à la dure réalité, au déracinement, aux difficultés de trouver un logement ainsi qu´à la discrimination. Et le retour sur le sol natal, s´il a eu lieu, ne s´est fait que dans une ambiance funèbre où ces voyageurs déçus ne sont rentrés que les pieds devant, la tête derrière.

Les désillusions ont supplanté les rêves, et si elles font désormais partie du passé, les problèmes d´intégration, eux, demeurent. Nés en France métropolitaine, les plus jeunes sont toujours à la recherche d´une identité qu´ils ont du mal à saisir, perdus entre la traite négrière et << la traite migratoire >>. La caméra de Léonard Maestrati a le mérite d´embrasser maintes générations d´Antillais, incluant diverses personnalités (les hommes de lettres, Aimé Césaire et Daniel Boukman ainsi que le champion du monde, Lilian Thuram) cependant, elle ne se pose que très superficiellement sur la dernière. Celle-ci exprime son mal-être mais elle ne la développe qu´avec brièveté.

Le réalisateur présente un certain nombre de témoignages et montre toute la difficulté des jeunes à trouver leur identité en filmant des tranches de vie durant lesquelles ils essaient de renouer avec tout ce qui les rattache aux Antilles en recréant une couleur locale via des associations, des mariages et diverses fêtes. Mais L´Avenir est ailleurs laisse derrière lui une impression d´enfilades de scènes de vie hélas filmées sans réelle profondeur. Le film pèche également côté archives, et est plombé par des plans monotones sur la mer et ses vagues.

Malgré ses carences, le film-récit de Léonard Maestrati trouve sa place en ouvrant une page de l´histoire, mais celle-ci ne s´avère que lapidaire alors que cette période de migration aurait mérité tout un chapitre, surtout après les émeutes des banlieues en 2006 qui ont mis au en exergue les problèmes d´identité des enfants français d´émigrés.

Titre original : L'Avenir est ailleurs

Réalisateur :

Acteurs :

Année :

Genre :

Durée : 80 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…