« J’attends quelque chose. »
La caméra le suit du déjeuner chez les beaux-parents, au repas du 31, puis de boîtes en boîtes dans une errance aussi vide de sens que d’intérêt. Le tout pour finir assis par terre sur le toit-terrasse d’un immeuble en faisant tourner un joint, ce qui semble pour ces ados attardés le summum de la rébellion. Là, se bidonnant devant un couple qui s’envoie en l’air à la fenêtre d’en face, on a l’impression de brûler la vie par les deux bouts. Malheureusement, le vide de cette vie et l’inanité des rapports sociaux n’est pas le moins du monde envisagé par le réalisateur. Il y avait là la matière pour un film sur l’errance contemporaine de personnages à qui tout s’offre et qui restent perclus par tant de possibles. Mais Paul Negoescu ne les inscrit ni dans le temps ni dans l’espace et ne possède aucun recul sur Radu qu’il suit aveuglément. On est loin d’un Hou Hsiao-hsien chez lequel l’errance personnelle est programmée dans un rapport beaucoup plus large à la ville, ou encore, pour un exemple plus proche, de Adieu Falkenberg (2010), premier film du Suédois Jesper Ganslandt (dont on attend avec impatience Blondie) où le regard sur un groupe d’ados attardés à l’aube de la trentaine n’était pas dupe de leur immaturité et trouvait un contrepoids salutaire dans la détresse troublante de l’un d’entre eux.
Rien de cela ici, seule une adhésion et une identification probable du réalisateur à son personnage, incapable de mettre au jour les enjeux réels de son film, s’ils existent. Le filmage banal d’une histoire banale avec une absence de regard condamne Un mois en Thaïlande d’emblée.