Un Conte finlandais

Article écrit par

La veille de Noël, trois hommes dans la cinquantaine – trois rois mages – décortiquent les histoires de leur vie dans un bar karaoké pendant que l´enfant – Jésus – déchire le ventre d`une de leurs femmes.

Mika Kaurismäki et son frère cadet Aki constituent les deux figures emblématiques du cinéma finlandais. Avec trois francs six sous, ils ont réussi à produire leurs films et à maintenir en vie l‘industrie locale. Un Conte finlandais est né de la rencontre du réalisateur avec ses trois vieux amis comédiens. Cette expérience, construite autour de la méthode Cassavetes, n’a été tournée qu’en cinq jours. Chaque acteur a préparé son personnage en s’inspirant de sa propre vie et ignorait le cheminement des péripéties que le réalisateur lui avait destinées.

Dans la première scène, Matti (Pertti Sveholm), inspecteur de police, dispute sa femme enceinte parce qu‘elle ne sait pas faire le rôti de Noël finlandais ; le ventre de son épouse est aussi gros que le morceau de viande. Matti la soupçonne d ‘avoir couché avec Erkki (Kari Heiskanen), son vieil ami photographe. Rauno (Timo Torikka), qui est comédien, arrive de France, où il travaille, pour passer Noël avec sa famille décomposée mais retrouve sa femme morte à l’hôpital où accouche l’épouse de Matti. Finalement, tous se retrouvent dans un bar karaoké vide et discutent de leur vie. Petit à petit, imbibés d’alcool ils se dévoilent et entonnent chacun une chanson réflétant leur personnalité et le drame de leur existence. Une belle inconnue, Magdalène, arrive au milieu de la soirée  et apparaît comme un signe d’espoir et de rédemption pour nos trois protagonistes. 

Dans Un Conte finlandais,  Mika Kaurismäki se penche sur la cellule familiale dont le tableau initial verse dans le pessimisme. C’est à travers une touche d’humour noir, des connotations bibliques mais non religieuses et une psychologie complexe des protagonistes que son film met en lumière une vérité humaine . « On est tous des veufs de Noël », déclare l’un des personnages du film, des « veufs» dans ce pays abandonné qu’est la famille.

Titre original : Three Wise Men

Réalisateur :

Acteurs : ,

Année :

Genre :

Durée : 97 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur décapante

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur décapante

En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…