This Must Be the Place

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Malgré un scénario dense et parfois trouble, ce quatrième film de Paolo Sorrentino réussit, grâce à Sean Penn, le pari d´un road-movie américain. Quand le rêve devient réalité… ou presque.

Quatrième film de l’Italien Paolo Sorrentino, This must be the place témoigne d’un coup de foudre du réalisateur pour l’acteur Sean Penn, épatant. Tout débute par une rencontre lors du Festival de Cannes, en 2008. Sean Penn est Président du jury et Paolo Sorrentino obtient un prix pour son film Il Divo. Les deux hommes se rencontrent, discutent et très vite, une sorte d’admiration respective naît de cet événement. C’est à ce moment précis que Paolo Sorrentino imagine « l’enfant terrible » d’Hollywood dans un de ces films, chose faite avec This Must Be the Place.

© ARP Sélection


50 ans, Cheyenne

A l’origine donc du film, Sean Penn dans le rôle de Cheyenne, personnage rock’n’roll que le temps a rendu mythique, mais aussi mou, enfantin et sensible. Cheveux noirs épais, maquillage trashy et attitude désinvolte, Cheyenne est le portrait craché de Robert Smith, le leader de The Cure. A partir de cette description qui met l’eau à la bouche sur le personnage, le film se construit avec un scénario et une succession de rebondissements fouillis.

Marié, Cheyenne mène une quête de fils qui cherche désespérément son père, obsédé par la vengeance et la souffrance nazie. C’est à ce moment précis que le film devient brouillon. Autant le personnage adouci de Cheyenne s’accorde avec la recherche d’un père, d’une identité, d’un pilier dans la construction et l’aboutissement de sa vie. Autant l’Holocauste, sujet lourd et difficilement pris à la légère, vient perturber et amoindrir le sens du film. Qu’est-ce que les nazis viennent faire dans le film ? Pourquoi ce choix de la part du réalisateur italien, à travers les yeux d’un personnage totalement atypique ? Paolo Sorrentino s’explique, ce n’est pas un film sur l’Holocauste mais véritablement sur la relation entre un père et son fils.

Sean Penn

Le film repose sur son acteur, Sean Penn. En incarnant à 100% Cheyenne, au même titre que son rôle dans le film Harvey Milk de Gus Van Sant, entier, donnant le maximum de ses capacités, l’acteur de 50 ans est époustouflant. Tout passe par les cheveux selon lui. Peu bavard à Cannes sur le film, il est au cœur du road-trip américain de Paolo Sorrentino, performant et charismatique jusqu’à la dernière réplique. Pour faire honneur à son acteur, le réalisateur n’a pas hésité à filmer de manière « Outre-Atlantique », plans serrés, images sublimées, paysages honorés.

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Certaines limites

Loin de son Italie natale, Paolo Sorrentino a certes écrit un personnage original et surprenant, inspiré des Talking Heads – le titre du film est celui d’une de leurs chansons – et de David Byrne, et travaillé sa manière de filmer par rapport à Il Divo ou L’ami de la famille, mais il perd un charme et un sens à s’être américanisé dans sa réalisation.

Le film paraît donc long, lent et trop centré sur Cheyenne, au détriment de l’histoire racontée. On s’attache évidemment au personnage, sombre et dépressif, mais on se rend vite compte des erreurs historiques, de l’imaginaire tiré par les cheveux du réalisateur inspiré par l’Histoire et ses points noirs, du côté « trop beau, trop parfait » des séquences tournées. A voir pour la performance, une fois de plus, de Sean Penn, et non pour le scénario proposé.

Titre original : This Must Be the Place

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Durée : 118 mn


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