Quinzaine des réalisateurs au Forum des images

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Vrai rendez-vous de l´après-Cannes, la Quinzaine des réalisateurs s´offre en intégralité au Forum des images à Paris du 25 mai au 5 juin 2011. Les films et quelques stars sans files d´attente ni coups de soleil !

Entre une sélection officielle qui accapare tous les médias et celle d’Un Certain Regard qui s’affirme d’année en année par une programmation au moins égale – si ce n’est supérieure – en qualité et en attente créée, il est de plus en plus difficile pour les sélections parallèles du Festival de Cannes de se frayer un chemin vers le grand public. Pourtant la Semaine de la critique, la Quinzaine des réalisateurs et la sélection de l’ACID effectuent un travail de défrichage pour proposer un regard toujours neuf sur le territoire cinématographique.

Comme chaque année, sitôt les portes du Festival fermées, le Forum des images à Paris reprend l’intégralité de la programmation de la Quinzaine des réalisateurs : un bon moyen de ne pas patienter jusqu’à la sortie des films ou d’en découvrir certains dont la sortie française n’est pas nécessairement assurée. Cette année encore, la sélection fut riche, croisant découvertes de tous les pays comme grands noms du cinéma. Ont été distingués cette année Atmen, premier film de l’Autrichien Karl Markovics, Play du Suédois Ruben Östlund ainsi que Les Géants du Belge Bouli Lanners. Trois films extrêmement différents, comme autant de visions du cinéma et de la société : du fait réel (Play, librement inspiré d’un fait divers) à l’histoire intime (l’été des trois ados des Géants), des questions sociales à la quête de soi (la réinsertion et la quête identitaire d’Atmen). Le Carrosse d’or, prix qui récompense depuis 2002 un cinéaste « choisi pour les qualités novatrices de ses films, pour son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production », s’est teinté d’engagement cinématographique et politique cette année et attribuant le prix à Jafar Panahi, réalisateur iranien condamné par son gouvernement à six ans d’emprisonnement et une interditction de réaliser et écrire des scénarios pendant vingt ans.

Les Géants, Bouli Lanners (sortie le 19 octobre 2011)
Repartie bredouille, la France a tenu le haut du pavé de la sélection. C’est le très attendu Jeanne captive de Philippe Ramos qui fera l’ouverture de cette manifestation en présence de l’équipe du film : après Renée Faconetti, Ingrid Bergman, Michèle Morgan ou encore Milla Jovovich, c’est la jeune Clémence Poésy qui incarne la pucelle d’Orléans dans ce film qui reçut un accueil réservé de la gent cannoise.  Non des moindres, c’est encore André Téchiné qui fit les honneurs de la Quinzaine avec son nouveau film Impardonnables, qui a largement divisé les festivaliers. L’occasion aussi de découvrir En Ville de Bertrand Schefer et Valérie Mréjen – dont on avait aimé le beau Valvert en 2010 –, dont les jeunes actrices nous avaient fait le plaisir d’une interview  il y a quelques jours.

A seize ans, difficile de savoir quel chemin prendre. Dans une petite ville de province, Iris va en cours sans conviction, s’habille de cuir et se lasse d’être en couple avec un camarade de classe. Elle sort dans les clubs avec sa meilleure amie, histoire de draguer des hommes plus âgés, sans conviction non plus. Jusqu’au jour où l’adolescente à l’allure rock’n’roll rencontre un photographe, Jean, avec qui elle va vivre une amitié amoureuse. En écrivant à deux mains le scénario du film En Ville, Valérie Mréjen et Bertrand Schefer jouent la carte de la complicité. Ils ont dirigé leurs acteurs en binôme, tantôt l’un, tantôt l’autre. Le casting a été une étape cruciale du film et se trouve être tout sauf anodin. Lola Creton, qui interprète Iris dans le film, est l’un des espoirs du cinéma français depuis son rôle dans Barbe Bleue de Catherine Breillat, tandis que Adèle Haenel, la meilleure amie d’Iris, est à l’affiche de L’Apollonide, souvenir de maison close de Bonello. Stanislas Merhar s’était fait remarqué au théâtre dans une pièce de Florian Zeller et sur grand-écran aux côtés de Gérard Depardieu et Sylvie Testud. Le teenage movie à la française, à la fois doux et mélancolique, trouve un bon exemple avec ce film sortant dans nos salles le 27 juillet 2011.
 

Valérie Mréjen, réalisatrice du film En ville, interviewée à Cannes
Autre teenage movie mais cette fois-ci marocain, Sur la planche de Leïla Kilani raconte l’histoire de deux jeunes femmes, Badia et Imane, prêtes à tout pour fuir leur emploi d’éplucheuses de crevettes dans une usine de Tanger. Sur leur route, elles croisent deux marocaines qui les entraînent dans un tourbillon du vol et de la presque prostitution. Joli panorama sur l’amitié, l’argent, la jeunesse.

Mais c’est encore à un petit tour du monde que nous invite la reprise de cette Quinzaine, en passant par l’Islande (Eldfjall, Rúnar Rúnarsson), les Philippines (Busong, Auraeus Solito), l’Inde (Chatrak, Vimukthi Jayasundara) ou le Brésil (O Abismo prateado, Karim Aïnouz). Sans oublier la sélection de courts-métrages, avec entre autres Le Songe de Poliphile de la plasticienne Camille Henrot. Bref, de quoi, pour les plus Parisiens d’entre nous, compenser la frustration de n’avoir pas dévalé le tapis rouge et monté les marches du Festival.

Le Palmarès 2011 :
Label Europa Cinemas                
ATMEN de Karl Markovics

Art Cinema Award
LES GEANTS de Bouli Lanners

Prix SACD
LES GEANTS de Bouli Lanners

Séance "Coup de coeur"
PLAY de Ruben Östlund

Reprise de la Quinzaine des réalisateurs
Forum des images du 25 mai au 5 juin.


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