Au titre original du film, Hysteria, les distributeurs ont cru bon de privilégier le blasphème chic et bankable, au risque de camoufler la mine d’or déjà timidement explorée du scénario. Le godemiché a en effet été inventé pour calmer les nanas diagnostiquées comme hystériques, en somme, toutes les femmes bruyantes ou insatisfaites de leurs vies (1). Autant dire qu’à la fin du XIXe, sans le droit de vote, ni même celui de disposer de leurs propres corps, celles-ci devaient être légion. Mais, progrès de la médecine obligent, en 1883, suite à sa découverte du clitoris, le Dr Joseph Mortimer Granville invente le vibromasseur.
« La médecine anglaise est dangereuse pour la santé »
Comparé aux germes bactériens, ce clitoris avait au moins l’avantage d’être visible à l’œil nu, à l’heure où on soignait encore à coups de saignées. Tanya Wexler joue avec amusement du positivisme réactionnaire de l’époque, tout entier incarné en la personne de l’opalescente Emilie, épouse idéale, étudiante en phrénologie, et pianiste appliquée – mais toutefois médiocre – dont Mortimer tombe évidemment amoureux au premier coup d’œil jeté dans l’entrebâillement d’une porte. Il sera pourtant bien vite déstabilisé par sa sœur, la fantasque et volcanique Charlotte, sauvage utopiste et rebelle indécrottable. Les personnages sont archétypaux mais sympathiques, les décors, endimanchés mais soignés, l’intrigue, simpliste mais agréable. A notre grand étonnement, Oh my God ! pourrait ainsi concourir pour le prix de la comédie la plus télégénique et tous publics de l’année.

(1) Le diagnostic a été maintenu jusqu’en 1952 et regroupait mélancolie, colère, stress, irritabilité… à peu près tous les états possibles et imaginables en dehors du sourire béat.