Morning Glory

Article écrit par

Comme un petit plaisir coupable, le dernier film de Roger Michell, (bien connu pour nous avoir régalé avec Coup de foudre à Nothing Hill, un des sommets de la comédie romantique) se déguste avec gourmandise et insouciance.

Becky Fuller, jeune productrice de télé talentueuse, doit relever un défi de taille : reprendre les rênes de Daybreak, l’émission phare d’une grande chaine nationale. En réalité elle s’est fait virer de son job dans le New-Jersey, n’a pas d’appartement à New-York, et l’émission qu’elle doit relancer est la matinale la moins regardée du pays, et certainement la plus mauvaise ! 

Le choix du milieu de la télévision comme toile de fond n’est jamais anodin. Même si idans Morning Glory, on égratigne gentiment les animateurs vedettes capricieux sans que les chiffres de l’audimat brandis comme menace ou la bêtise des programmes ne soient mis en cause. Le’univers de la télévision est malgré tout primordial, puisqu’il permet de construire une galerie de personnages tous plus stressés et ingérables les uns que les autres. Par ailleurs, le tournage de l’émission provoque à lui seul un basculement de tous les regards, plutôt favorable au suspense et au coup d’éclat comique : les spectateurs regardent les personnages qui observent d’autres personnages passer à la télévision.

Le film s’impose à notre propre plaisir comme une évidence, un déroulement de scènes savoureuses, de défis amicaux et sentimentaux  dont on sait qu’ils vont être résolus dans la joie d’ici un peu plus d’une heure, entre quelques enguelades et un compte à rebours qui dynamise bien lla seconde moitié du film. Sans trop en dévoiler, quelques uns des meilleurs moments; un rendez-vous sentimental qui se transforme en aveu d’incompatibilité, le running gaga du présentateur météo embarqué dans les reportages les plus casse-gueules, et les sorties injurieuses tout en grognements alcoolisés d’Harrison Ford, sont tout bonnement hilarants.

Comme il l’avait déjà montré dans Six jours, Sept nuits, Harrison grogne très bien, et fait un vieux briscard de journaliste en guerre contre la nouvelle garde assez convaincant. De façon plus globale, le film brille par son casting : pas trop empesé de stars, mais assez glamour pour être excitant. De Diane Keaton en présentatrice peau de vache et décomplexée, au jeune promis pas gnangnan Patrick Wilson, ainsi que le caméo du super Papa de Modern Family Ty Burrell, jusqu’à Jeff Goldblum, qu’on a toujours plaisir à retrouver, tous sont en pleine forme. Comme s’ils étaient entrainés par l’énergie hors du commun de Rachel McAdams, petit bout d’actrice impressionnante, qui livre une performance vraiment physique, parvenant à être aussi gesticulante que sympathique. Loin de ses rôles dans les drames sentimentaux (N’oublie jamais) ou comédie (Serials Noceurs), elle s’était déjà affirmée dans Jeux de Pouvoirs en 2009 (Kevin Mac Donald), où elle réussissait à ne pas rester dans l’ombre de son Russell Crowe de partenaire.

Morning Glory, c’est l’assurance de voir des gags qui fonctionnent, un humour bon enfant qui s’avérera in fine fédérateur, en bref un moment de cinéma complètement inoffensif. Seul petit bémol, le réalisateur britannique, profitant des moyens de production et de développement hollywoodiens, a semble t-il en échange mit sa finesse et son sens de la retenue en sourdine. D’où quelques excès de glossy, de plans aériens de New-York hors de prix parfaitement inutiles, de musique mielleuse et un happy end trop étiré, mais dans l’ensemble, du bonbon !

Titre original : Morning Glory

Réalisateur :

Acteurs : , , , , , ,

Année :

Genre :

Durée : 107 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…