L’imagerie du Sud dans le cinéma américain

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Mississippi, Georgie, Tennessee, Arkansas,… direction « L’American South » et son imagerie au cinéma.

Explorer le cinéma du Sud des États-Unis c’est se confronter à l’identité complexe, à la fois fondatrice et particulièrement violente du pays. C’est appréhender la représentation du territoire des États Confédérés ligués contre Abraham Lincoln lors de la guerre de Sécession (1861-1865), événement clé de l’Histoire américaine, à travers Naissance d’une nation (1915), le terrible film du cinéaste – et fils de confédéré – David Wark Griffith. Terre d’ancrage de l’esclavagisme et d’une ségrégation raciale qui à l’heure actuelle demeure toujours très préoccupante (2016 voit toujours la nécessité d’un mouvement comme Black lives matter) ; sujets au coeur de films comme L’Esclave Libre (Raoul Walsh, 1957) ou plus tard Mississippi Burning (Alan Parker, 1988), qui met en scène le racisme pestilentiel du Ku Klux Klan à coups de croix incendiées dans les terres du Mississippi. Il existe une « damnation » du Sud à laquelle s’accolent des figures de dégénérescence white trash. Heureusement, le Sud des Etats-Unis n’est pas réductible à son histoire rance, son héritage sclérosé. D’autres figures, telle la « Belle du Sud », à l’instar de Julie Marsden dans L’Insoumise (William Wyler, 1938) ou Scarlett O’hara dans Autant en emporte le vent (Victor Flemming, 1939), viennent donner du relief et de la diversité à l’imagerie de ce territoire. Une territorialité investie par des cinéastes qui en donnent une identité esthétique singulière liée à son paysage, son environnement naturel. Les crues de la rivière Tennessee du New Deal de Le Fleuve sauvage (Elia Kazan, 1960), les terres du Southern Gothic de Twixt (Francis Ford Coppola, 2012) ou encore l’Arkansas contemporain des films de Jeff Nichols, forment des invitations au voyage pour comprendre le distinct Sud des États-Unis tout en lui donnant une voix. Un enchevêtrement civilisationnel, culturel, social, religieux, géographique et esthétique dont ce Coin du cinéphile tente de saisir les enjeux posés par l’image.

Bonne lecture avant un prochain Coin du Cinéphile consacré au cinéaste japonais Shohei Imamura.


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