Les Femmes de l’ombre

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Réalisateur épouvantable, Jean-Paul Salomé se rachète une conduite avec ce solide film de guerre, mené par un commando de Résistantes qui donnerait presque envie d´entonner la Marseillaise.

Avant de s’attarder sur cette nouvelle production française historique, où le clinquant de la reconstitution le dispute au glamour du casting, rappelons tout de même que l’homme derrière la caméra s’appelle Jean-Paul Salomé. Nul besoin ici de tirer sur l’ambulance : il suffit de voir (mais pas forcément de revoir !) Belphégor et Arsène Lupin pour se convaincre que de cinéaste, Salomé en a surtout le nom, manière distinguée de dire que le bonhomme est un tâcheron.

Ceci posé, Les femmes de l’ombre est d’autant plus agréable à suivre. Car plutôt que de s’attaquer à des figures mythiques de la littérature et de la télévision française, Salomé et son co-scénariste Laurent Vachaud ont décidé, plus humblement, de revisiter le genre ultra-codifié du film de commando, cette fois uniquement constitué de femmes entrées plus ou moins volontairement dans la Résistance. Un point de vue original : les rôles féminins étaient certes présents dans les grands films sur la Résistance, de Paris brûle-t-il ? à L’armée des ombres, mais jamais mises en avant de manière aussi évidente.

Sophie Marceau, avec une autorité certaine, mène donc un petit groupe de femmes chargées d’éliminer le colonel nazi ayant appris le plan des Alliés pour le Débarquement. Un scénario prétexte, qui reprend d’ailleurs dans ses grandes lignes l’intrigue du Réseau Corneille de Ken Follett (surtout l’idée du commando féminin et du compte à rebours avant le débarquement), bien que cela ne soit curieusement pas mentionné au générique. Inspiration non avouée ou simple coïncidence ?

Toujours est-il que Les femmes de l’ombre propose son lot de fusillades, séances de tortures, courses-poursuites et moments de suspense intense. Aux côtés de la résistante expérimentée et de son frère (le toujours aussi juste Julien Boisselier), on retrouve donc une vamp idiote (Marie Gillain), une tueuse excentrique mais attachante (Julie Depardieu), une sainte-nitouche pas très courageuse (Déborah François)… et une Italienne (Maya Sansa).

A l’ombre de la tradition…

Leur opération, qui ressemble rapidement à une débandade générale, se veut rocambolesque, imprévisible. C’est le lot de tous les films de commandos, où le plan « qui se déroule à la perfection » finit toujours par échouer. De ce côté-là, Les femmes de l’ombre n’invente rien, au contraire : il perpétue la tradition avec un certain goût pour le fatalisme, puisque peu de protagonistes réussiront à se sortir de ce guêpier.

Toutefois, ne rêvons pas, Jean-Paul Salomé n’est pas devenu subitement un génie de la mise en scène et il échoue, à plusieurs reprises (lors de la bataille d’introduction et de la scène du métro, notamment), à trouver le découpage adéquat et le rythme nécessaire pour sublimer des instants pourtant terriblement dramatiques. Les mêmes tares télévisuelles (le film est produit par TF1) se retrouvent de film en film, mais là où Arsène Lupin se révélait aussi stupide dans son scénario qu’incompréhensible dans son montage, Les femmes de l’ombre, qui remet au goût du jour les bonnes vieilles ficelles du film de troufions, mérite lui plus de considération. D’un sujet aussi populaire et finalement original, Salomé tire un film solide, pas mémorable pour un sou (Moritz Bleibtreu est terriblement ennuyeux dans le rôle de la cible à abattre), mais tout de même honorable.

Titre original : Les Femmes de l'ombre

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Durée : 118 mn


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