Le Festival de Cannes 2019 : nos attentes pour cette 72e édition

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Du 14 au 25 mai, Cannes s’oriente en salle obscure avec une édition « romantique et politique », comme l’a annoncé Thierry Frémaux. Ajoutant que cette année les films étaient d’une grande variété, avec des personnages toujours plus finement pensés par les réalisateurs et les réalisatrices.

Quels sont les longs métrages les plus attendus ? Les acteurs et les actrices qui fouleront le tapis rouge ? Les films les plus surprenants au programme ? On vous décrypte toutes les sélections.

Une Sélection Officielle exceptionnelle cette année

Ces grands noms, dès leur annonce, nous ont fait une pleine joie. Jim Jarmusch ouvre le bal avec The Dead Don’t Die, Pedro Almodovar le suit avec Douleur et Gloire, Marco Bellocchio avec Le Traitre, Bong Joon Ho avec Parasite, les frères Dardenne avec Le Jeune Ahmed, Arnaud Desplechin avec Roubaix, une Lumière, Xavier Dolan avec Matthias et Maxime, Abdellatif Kechiche avec Mektoub, my love : intermezzo, Ken Loach et son Sorry we missed you très attendu, Terrence Malick et Une vie cachée, Kleber Mendonça Filho et son Bacurau, Céline Sciamma et son Portrait de la jeune fille en feu, Quentin Tarantino avec One upon a time…in Hollywood et enfin, pour finir, Justine Triet avec Sibyl, voilà déjà une première sélection qui s’annonce aussi variée que palpitante. Ces réalisatrices et réalisateurs reconnus vont se partager la compétition pour la Palme d’Or. Autant l’année dernière, on pouvait reprocher au Festival une Sélection trop tournée vers les seuls cinéphiles, autant cette année, la part est belle aux films en tout genre, incluant une certaine idée du romantique, de fantastique et de l’horreur.

 

The Dead Don’t Die de Jim Jarmusch

 

Ces grands films, indiscutablement, attirants sur le papier, devront affronter d’autres réalisations en Sélection Officielle que l’on attend avec autant d’impatience. A commencer par Les Misérables de Ladj Ly, un autodidacte, membre du collectif Kourtrajmé et qui fait l’objet d’un parallèle entre son film et La Haine. Sa caméra est une arme, son cinéma risque de nous surprendre. Le Lac aux Oies Sauvages de Diao Yi’nan s’annonce comme le polar le plus sombre de la Sélection et le réalisateur Chinois a été Ours d’or à Berlin en 2014 avec Black Coal. Un compétiteur sérieux. Pour son premier long-métrage, la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop frappe fort avec une sélection en Compétition Officielle et un film, Atlantique, qui risque de nous bouleverser. Jessica Hausner, réalisatrice autrichienne, ancienne étudiante en psychologie, a changé de voix en suivant le cours de Michael Haneke, grand habitué de la Croisette. Alors est-ce que son Little Joe fera ses preuves face à ses féroces concurrents ? Il reste trois autres films, plus intimistes, Les Siffleurs de Corneliu Porumboiu, réalisateur roumain déjà très apprécié dans les festivals internationaux. Frankie de l’Américain Ira Sachs avec Isabelle Huppert en tête d’affiche qui joue une actrice française malade. Et enfin, It Must Be Heaven du réalisateur Elia Suleiman, un conte burlesque sur la Palestine, le voyage et le sentiment d’appartenance à un « chez soi ».

 

Matthias et Maxime de Xavier Dolan

Cette Compétition Officielle est splendide, avec une très vaste sélection de films plus différents les uns des autres. On remarque un plus grand nombre de réalisatrices, même si celui-ci est toujours assez faible – moins de films de femmes sont présentés en Sélection. Les thèmes abordés sont très variés et le cinéma de genre a une place légitime. Aucun film Netflix n’est présenté cette année, dans aucune compétition. Et les réalisatrices et réalisateurs français ont de fortes chances de remporter la Palme cette année. On pense à Céline Sciamma, dont son cinéma questionne autant qu’il plaît au grand public et aux cinéphiles. Pourquoi pas une Palme ?

Un Certain Regard, toujours à son haut niveau de sélection

Le film d’Ouverture est celui de Monia Chokri, La femme de mon frère. La réalisatrice Québécoise sera sans doute ravie de croiser Xavier Dolan au Festival de Cannes, ayant joué dans ses films. Pour ce film, Monia Chokri nous embarque dans une histoire d’amour et de tromperies à Montréal. On retiendra aussi cette année le film d’une autre femme actrice et réalisatrice, Zabou Breitman, avec Eléa Gobbé-Mévellec, Les Hirondelles de Kaboul. Un film d’animation, à l’été 1998, de talibans et de jeunes qui s’aiment. Très attendu, le film de Bruno Dumont, Jeanne où la pucelle d’Orléans, un pari osé, en Compétition. Christophe Honoré présente sa Chambre 212, avec au casting Chiara Mastroianni, Vincent Lacoste et Camille Cottin. Une histoire de couple qui s’use, un scénario très français qui risque de divinement nous plaire. La curiosité de la sélection revient à Liberté du réalisateur espagnol Albert Serra. Un film expérimental, qui aborde le libertinage. Ravie aussi de voir l’actrice Maryam Touzani (Razzia de Nabil Ayouch) passer derrière la caméra pour son film Adam, sur Casablanca et la rencontre improbable de deux femmes.

 

Les plus belles années d’une vie de Claude Lelouch

 

Claude Lelouch et Nicolas Winding Refn en Hors Compétition, Gaspar Noé en Séance de minuit

Quel bonheur de retrouver Les plus belles années d’une vie, la deuxième suite d’Un homme et une femme (Palme d’or au Festival de Cannes 1966) de Claude Lelouch. Jean-Louis Trintignant, Anouk Aimée, un amour fulgurant et le regard sur le temps qui passe, l’amour qui reste. Nicolas Winding Refn vient présenter quant à lui une série, Too Old To Die Young, prévue sur Amazon le 14 juin. Un flic endeuillé, des yakuzas, de la mafia, des gangs, dans un Los Angeles à la sauce Winding Refn… Ça s’annonce sanglant ! Il faudra faire face pendant le Festival au final de la série Game of Thrones, le lundi 20 mai. Encore une preuve que séries et cinéma sont proches mais jouent dans deux univers bien distincts. Toujours dans une sélection des films présentés, on retiendra le Gaspar Noé en Séance de minuit et son film Lux Æterna. Béatrice Dalle, Charlotte Gainsbourg, deux actrices qui se racontent des histoires de sorcières. On adore le teasing. À noter aussi pour cette édition 2019, la projection à Cannes Classics de La Cité de la Peur, une comédie familial d’Alain Berberian. Le film se déroulant à Cannes a enfin sa projection.

La Quinzaine des Réalisateurs plus discrète cette année

Malgré une Ouverture attendue, Le Daim de Quentin Dupieux avec Jean Dujardin et Adèle Haenel, la sélection est plus discrète cette année en comparaison à la Semaine de la Critique et la Compétition Officielle. Le synopsis est simple, Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim ont un projet. Lequel ? C’est tout l’enjeu du film. John Carpenter vient présenter The Thing dans sa version restaurée et pour le plus grand plaisir des amateurs d’épouvante horreur. On est très heureux de retrouver Bertrand Bonello avec un drame, Zombi Child, en Haïti dans les années 60. Une histoire d’irréparable, de passé et de futur gâché.

Le Daim de Quentin Dupieux

La Semaine de la Critique laisse une grande chance aux premiers films

C’est une très belle année pour La Semaine de la Critique. Non seulement l’affiche est sublime, mais c’est avec une sélection très majoritairement de premiers films qu’elle se distingue pour cette édition 2019. Du 15 au 23 mai, ces nouveaux talents ont pleinement le temps d’être vus pour les festivaliers, à commencer par Abou Leila du réalisateur Algérien Amin Sidi-Boumédiène sur la guerre civile en Algérie. Mais aussi un autre film au Maghreb que l’on a envie de découvrir, Le miracle du Saint Inconnu du réalisateur Marocain Alaa Eddine Aljem, sur le tourisme religieux. Un film d’animation français est très attendu aussi, J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, une histoire d’amour entre le fantastique et l’horreur. En séances spéciales, deux films importants, Les héros ne meurent jamais avec Adèle Haenel sur la guerre en Bosnie. Et Tu mérites un amour, premier long métrage d’Hafsia Herzi, qui croisera sûrement Abdellatif Kechiche lui en Compétition Officielle. Nombreuses sont les actrices de Kechiche présentes à Cannes cette année.

 

Take Me Somewhere Nice d’Ena Sendijarevic

L’ACID et ses 9 longs métrages

N’oubliez jamais l’ACID ! C’est la Sélection parallèle du Festival de Cannes la plus surprenante. On a sélectionné déjà notre favori, Take Me Somewhere Nice de la réalisatrice néerlandaise Ena Sendijarevic. Un road-trip imprévisible entre les Pays-Bas et la Bosnie, un voyage féminin qui a toute sa place dans la Sélection. Le film Rêves de Jeunesse d’Alain Raoust nous intrigue aussi, l’histoire d’une adolescente rebelle. Et enfin, le film Américain Mickey and the bear d’Annabelle Attanasio sur une adolescente là encore risque de nous secouer.

Vous l’aurez compris, Cannes cette année, ce sont des films très attendus en Sélection Officielle avec de grands noms derrière la caméra, des sélections parallèles qui mettent l’accent sur des premières réalisations et des acteurs et actrices moins engagés dans leurs personnages, plus border et intriguant. De quoi nous donner envie rapidement d’aller en dans le Grand Théâtre Lumière.

Une vie cachée de Terrence Malick

 

Suivez-nous toute la durée du Festival, nous allons le couvrir jour après jour sur Il était une fois le cinéma.

Retrouvez ici notre article consacré au Palmarès cannois 2018

 

 

© Photo : La Pointe courte / 1994 Agnès Varda et ses enfants - Montage & maquette : Flore Maquin


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