Pour ce nouveau naufrage, le cinéaste ne tente même plus de s’absoudre des quolibets dont la presse le gratifie à la sortie de chaque nouveau film. Pire : son dernier nanar en date se nomme La Traversée et sonne presque comme une apostrophe à sa propre carrière, éternelle traversée du désert. Cet ex-réalisateur de clip (Ophélie Winter, Johnny Hallyday) ferait-il preuve de cynisme ou d’autodérision ? Personne ne sait. Quoiqu’il en soit, une telle conjecture serait sans doute lui prêter plus de finesse qu’il n’en a.
Le réalisateur des indélébiles Bouge (1997) et Folle d’elle (1998) ne semble toujours pas savoir ce qu’il fait là. Le septième art ne se réduit pour lui qu’à une bouillie de plans pompés ici et là (Nicolas Winding Refn, et cætera). La recette de La Traversée pourrait d’ailleurs se résumer en quelques lignes : copiez grossièrement l’étalonnage de The Ghost Writer (Roman Polanski, 2010), ajoutez une musique d’ameublement assourdissante, une mise en scène digne d’un téléfilm France 3 puis saupoudrez le tout d’une atmosphère ampoulée à la Silent Hill (Christophe Gans, 2006). Vous obtiendrez un amalgame à mi-chemin entre un clip, un jeu vidéo et une bande annonce. Une chose est sûre, ce n’est pas du cinéma.
Vendu par un Michael Youn fidèle à lui-même dans tous les talk shows du PAF comme un drame authentique épaulé par une « véritable mise en scène », La Traversée est un vulgaire teaser d’1h30 dont la condescendance n’a d’égal que l’artifice. Voilà un bien bel exemple de ce à quoi le cinéma ne devrait jamais ressembler.