Killing Bono

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Un titre percutant et un pitch accrocheur n’ont jamais fait un film : circulez, y’ a rien à voir.

Dublin, 1976. Le jeune Neil McCormick, petit musicien de rien, rêve de devenir le plus grand chanteur rock de tous les temps. Tandis qu’il fonde avec son frère les Shook Up, son vieux copain de lycée, un certain Bono, crée un petit groupe rock au nom ridicule : U2. La suite, on la connaît : la chanson « Bloody Sunday » fait rapidement le tour du monde, quand Neil McCormick continue à faire les cent pas dans son appartement, dans l’attente de la renommée.

Basé sur une histoire vraie, le point de départ de Killing Bono a tout pour plaire : après Ray, La Môme, Gainsbourg (vie héroïque) et tant d’autres films sur des stars de la chanson, quoi de plus séduisant que d’envisager le biopic d’un illustre inconnu ?

Hélas, le film, interminable au regard de ce qu’il a à nous raconter (près de deux heures), aligne les scènes sans que l’on sache exactement « c’est quand qu’on va où ». Entre biopic, comédie adolescente et film musical, le réalisateur ne choisit jamais sa voie, laissant le film en rade au milieu d’un océan d’indécision. La mise en image des concerts est d’un ennui clinique : ça manque de rythme, de peps et d’audace. Quant à la tentative de montrer les changements esthétiques des décennies 70, 80 et 90, là encore, le résultat est léger-léger. La scène du concert dans une salle miteuse ? Déjà vue dans les Blues Brothers et c’était bien plus drôle. Dublin dans les années 70 ? Déjà vu dans The Commitments et c’était moins mauvais. Les débuts d’un groupe ? Déjà vu dans Hard Day’s Night, et au moins la bande son était potable. Car, disons-le tout net : dans Killing Bono, exit la musique de U2 dont le spectateur n’entendra en tout et pour tout qu’une bribe de la chanson « I still haven’t find what I’m looking for ». Pour le reste, il faut donc endurer les compositions de notre génial inconnu, lesquelles n’étaient pas restées dans l’oubli pour rien. En un mot, pas de consolation auditive à la désolation visuelle.

 

En outre, suivre la vie d’un inconnu n’a rien de très palpitant dans le cas présent car Neil et son frère sont ici de simples marionnettes dont les déboires et les désillusions sont utilisés comme des ressorts comiques. C’est peu dire que le trait est forcé. Les personnages sont de telles caricatures qu’on se moque éperdument de savoir ce qu’ils vont devenir ; pire, l’entêtement aveugle et l’auto-satisfaction imbécile de Neil le rendent tout simplement antipathique. On voudrait le chasser de l’écran et troquer l’élève pour le maître, hélas omni-absent de l’écran.

D’ici à ce que le film utilise Bono comme produit d’appel afin de nous re-fourguer des chansons que personne n’a jamais voulu écouter depuis trente ans, il n’y a qu’un pas, qui est d’ores et déjà franchi : qu’on se le dise, la bande originale du film est disponible chez tous les disquaires. Comme si ce musicien raté espérait enfin accéder à la notoriété en donnant en pâture sa destinée pathétique. À l’image de la musique de McCormick qui n’est qu’une pâle copie de celle de U2, le film n’est qu’une vaste arnaque, une imposture totale. Quel ennui ! Ecouter un album de U2 ou revoir les Blues Brothers : au beau milieu de l’été, il y a mille choses de mieux à faire que d’aller voir Killing Bono.

Titre original : Killing Bono

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Durée : 114 mn


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