Festival du court métrage – Clermont Ferrand 2009 – Journée 1

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La tournée des courts métrages a commencé, les festivaliers se déplacent d´une salle à l´autre en parcourant un centre ville où restaurants et petits bistrots ont modifié leurs habitudes. C´est ainsi que durant cette semaine, nous aurons la possibilité de manger de l´andouillette à toute heure du jour et de la nuit.

Côté court, nous retenons Lydskygger (Ombres sonores, Norvège, 2008, 7’), de Julie Engaas, programmé dans la section labo [dédiée à des films fondamentalement expérimentaux]. La réalisatrice expose dans ce court documentaire la vision du monde d’une femme aveugle. La voix off féminine nous raconte comment elle « voit » à travers le son, et comment elle situe les objets dans l’espace grâce aux ombres sonores. Cela veut dire que grâce aux sons (voix, les bruits, etc.), elle réussit à placer les objets, les personnes et les murs à une distance donnée d’elle-même (un peu comme les chauve-souris et le radar).

Ce qui est intéressant ici, c’est la manière dont Julie Engaas a choisi de nous montrer à quoi cette vision d’aveugle peut ressembler. Elle combine images réelles et animation à une bande son riche en bruits. A certains moments, l’écran devient blanc, vide de décor. Lorsqu’un son, par exemple une voix, se laisse entendre, le dessin de la personne en question apparaît en conséquence à l’écran. L’objet peut apparaître égalemment lorsque le sens du toucher rentre en activité. Ainsi, quand la narratrice dit qu’elle monte à cheval, nous voyons d’abord se dessiner la partie du cheval qui entre en contact avec son corps, et ce n’est que plus tard que le dessin du cheval se complète.

L’effet global est frappant, car une multitudes de références sonores arrivent simultanément au cours du film, et les dessins s’enchainent et se superposent jusqu’à redessiner un monde rempli et cohérent. Ce qui est alors merveilleux c’est qu’on a réellement la sensation d’expérimenter la vision du monde d’un aveugle : en entendant le bruit de la pluie, l’image de la pluie se forme dans notre esprit. Le dessin apparaît juste après, sur l’écran. Cette désynchronisation minime nous permet de faire instinctivement appel à l’ouïe : le piège se referme sur nous et on est rapidement pris au jeu. Le même procédé nous fait croire qu’on « touche » les choses avant de les voir, et ce avec l’aide d’une voix off naturellement optimiste, qui tient à l’écart toute possibilité de tragédie.


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