Festival de Cannes 2015, 68e !

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À la veille du Festival de Cannes, le plus grand rendez-vous cinématographique du monde, nous vous proposons un éclairage sur les grands films en compétition, les jurys et tous les à-côtés liés au 7ème Art.

La Compétition Officielle

> Le Jury

Ce n’est pas un mais deux présidents du jury de la Compétition Officielle qui cette année, une fois encore, remettront la Palme d’Or. Joel et Ethan Coen, deux frères réalisateurs de talent, auront l’honneur de présider un jury très féminin pour cette année 2015. Honneur donc dans les présentations aux femmes avec l’actrice espagnole Rossy de Palma (La loi du désir, Femmes au bord de la crise de nerfs, Prêt-à-porter, La Fleur de mon secret, Étreintes brisées, etc.), à l’actrice française internationalement reconnue Sophie Marceau (La Boum, Police, L’Étudiante, Braveheart, Anthony Zimmer, LOL, etc.), à l’actrice, mannequin, styliste britannique Sienna Miller (Layer Cake, Factory Girl, Interview, The Edge of Love ou récemment American Sniper) et Rokia Traoré, un choix surprenant et délicieusement appréciable car cette artiste ne vient pas du cinéma mais de la musique, auteur, compositeur, interprète malienne. Le jury se compose aussi d’hommes avec le jeune et talentueux réalisateur / acteur québecquois Xavier Dolan (J’ai tué ma mère, Les Amours Imaginaires, Laurence Anyways, Tom à la ferme), à qui de nombreuses personnes donnaient la Palme d’Or l’année dernière pour son film Mommy. Le très grand réalisateur Mexicain Guillermo Del Toro (L’Échine du Diable, Hellboy,Le Labyrinthe de Pan, Pacific Rim) et pour finir, un acteur Américain qui a secoué le cinéma mondial depuis deux ans, Jake Gyllenhaal (Donnie Darko, Le Jour d’après, Le Secret de Brokeback Moutain, Zodiac, Prisoners, etc.). 2015 marque un tournant dans le Festival de Cannes, vers une féminisation de son jury – et de ses films en Compétition, on va le voir -, une ouverture à la musique, à la jeunesse et aussi un léger retour aux personnalités américaines.
 

La tête haute (Emmanuelle Bercot)

> Les films en Compétition

Le film d’ouverture du festival est La Tête Haute, de la réalisatrice française Emmanuelle Bercot. Dans le casting, on retrouve Catherine Deneuve, Benoît Magimel et Sara Forestier. Un enfant devenu majeur, une juge pour enfants et un éducateur qui vont tout tenter pour le sauver, ce film s’annonce à la fois très ancré dans un cinéma français social et surtout, original par son histoire et les acteurs choisis pour incarner les « adultes ». Emmanuelle Bercot est la deuxième réalisatrice de l’histoire de Cannes à ouvrir le festival, après Diane Kurys pour Un Homme Amoureux en 1987. La réalisatrice a été découverte à Cannes en 1997 pour son court métrage Les Vacances. Viennent ensuite les 19 films de la Compétition Officielle et leurs réalisateurs (Jacques Audiard, Stéphanie Brizé, Valérie Donzelli, Michel Franco, Matteo Garrone, Todd Haynes, Hou Hsiao Hsien, Jia Zhang-Ke, Kore-Eda Hirokazu, Justin Kurzel, Yorgos Lanthimos, Maïwenn, Nanni Moretti, Laszlo Nemes, Guillaume Nicloux, Paolo Sorrentino, Jaochim Trier, Gus Van Sant, Denis Villeneuve). Plutôt que de présenter chaque film, voici une première sélection de ceux qui ont retenu notre attention.

Une place faite aux réalisatrices. Et notamment aux jeunes réalisatrices, MaÏwenn avec Mon Roi revient sur la croisette 4 ans après son Prix du Jury pour Polisse. Et là, surprise, la réalisatrice Emmanuelle Bercot est actrice dans le film, en duo avec Vincent Cassel. Une histoire de couple, de passé douloureux – et de genou qui fait souffrir, ce scénario met aussi en scène Louis Garrel, Isild Le Besco et Norman Thavaud, la petite star du web. Valérie Donzelli a elle aussi un film de Compétition, Marguerite et Julien, avec Anaïs Demoustier et l’éternel Jérémie Elkaïm de son cinéma. L’histoire est encore un peu floue, celle de sentiments entre un frère et une soeur, fils et fille du seigneur de Tourlaville. Que ça soit avec Belleville Tokyo (dans lequel elle jouait) ou l’excellent La Guerre est Déclarée, qu’elle a réalisé, Valérie Donzelli nous a habitués à une manière douce et humaine d’aborder les travers et les tristesses de nos vies. Avec ce film, la réalisatrice s’aventure peut-être sur un terrain inexploité de son art, la famille et la passion qui peut naître entre deux êtres de même sang. La surprise est grande, l’attente toute autant.

Une place faite aux cinéastes italiens. Trois grands réalisateurs sont en Compétition cette année, à commencer par Nanni Moretti avec Mia Madre. Depuis son cinéma à Rome, depuis son Italie qu’il aime mais qu’il travaille au détail près la caméra en main, Nanni Moretti arrive sur la Croisette avec un film sur… une réalisatrice (le rôle est confié à Margherita Buy). Avec un acteur américain, John Turturro, un fils parfait et un esprit ailleurs à cause d’une maman à l’hôpital, le réalisateur s’aventure sur le terrain glissant de la féminité et de la famille. Face à lui, dans la course à la Palme d’Or, Paolo Sorrentino propose Youth, un film au casting de stars : Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano, Jane Fonda… Deux amis avec l’un d’eux une fois encore réalisateur, comme quoi le métier de ces cinéastes les perturbe au point de les placer au centre de leurs réalisations… Le temps qui passe, 80 ans, la vieillesse, le travail, la séduction, c’est un film qui se rapproche (dans sa bande annonce déjà en ligne) de La Grande Bellezza, en Compétition à Cannes il y a deux ans, Oscar du meilleur film étranger l’année passée. Une Palme d’Or cette fois-ci ? Dernier Italien en route pour la Croisette, Matteo Garrone avec Il Racconto Dei Racconti (Tale of Tales), un film des plus attendus tant par son scénario fantastique, librement adapté des contes de Giambattista Basile, mais aussi pour son casting alléchant avec Vincent Cassel en roi fornicateur et libertin, Salma Hayek en reine obsédée par son désir d’enfant. Après l’excellent Reality et le très acclamé Gomorra, Matteo Garrone va-t-il enfin grimper sur la première marche du podium ? Les paris sont lancés.

Les surprises de la Compétition. Le film de Jacques Audiard, Dheepan, fait partie des bonnes surprises de la sélection officielle. Sensible, comme son cinéma, ce long métrage raconte l’aventure difficile de trois personnes, un homme, une femme et une petite-fille qui fuient le Sri Lanka et se retrouvent en France, sans se connaître. Aucune tête d’affiche, un cinéma ancré dans le réel, la recette efficace de Jacques Audiard. Seul réalisateur hispanique de la sélection, Michel Franco fait jouer dans son film Chronic l’excellent Tim Roth, autour d’une histoire sur la fin de vie, le rapport quasiment obsessionnel entre un aide-soignant et ses patients. Encore peu d’informations sur ce film qui s’annonce perturbant, voire dérangeant. Autre film sans doute troublant, The Lobster de Yorgos Lanthimos, un réalisateur Grec déjà à l’origine du film Alps et de Canine (une histoire de famille, d’enfants enfermés, de tensions sexuelles très bizarres), qui vient sur la Croisette pour un long métrage avec un casting de stars là aussi, Rachel Weisz (porte bonheur 2015 ?), Colin Farrell, Ben Whishaw. L’histoire est déjà sur le papier curieuse, un futur proche, une guerre contre les célibataires qui doivent vite trouver l’âme sœur sinon ils sont transformés en animal. Un groupe se rebelle, dans les bois. Quelle surprise nous réserve ce réalisateur ? Peut-être moins extravagant mais tout aussi intriguant, le réalisateur Joachim Trier est en Compétition lui aussi pour Louder Than Bombs (Plus fort que les bombes), un long métrage réunissant Isabelle Huppert, Jesse Eisenberg, Gabriel Byrne. Une exposition posthume consacrée à une célèbre photographe réunit une famille et ses secrets dramatiques. Connus pour son cinéma mystérieux (Blind, Oslo 31 Août), Joachim Trier risque bien de secouer la Croisette cette année. Le grand Gus Van Sant est aussi dans la course, avec The Sea Of Trees (La Forêt des songes). Américain, il signe cette fois-ci un film quasiment Japonais, tourné au pied du Mont Fuji. Une histoire d’homme blessé, de mort, de rencontres, avec un Matthew McConaughey toujours plus surprenant. Autre surprise au programme, le dernier film de Denis Villeneuve (Incendies, Prisoners, Enemy, etc.). Une frontière entre les États-Unis et le Mexique, un agent du FBI qui remet en question ses principes, tout laisse à penser que l’idée de ce scénario est à la limite de la morale, du jugement. Dernier film qui a retenu notre attention, MacBeth de Justin Kurzel avec un duo à l’écran assez fantastique, Marion Cotillard et Michael Fassbender. Shakespeare vue à la sauce australienne, ce film costumé risque de charmer ou de rebuter totalement.

Autres films en Compétition : La Loi du Marché de Stéphane Brizé (avec Vincent Lindon, réalisateur notamment de Mademoiselle Chambon), Carol de Todd Haynes (avec Cate Blanchett, Rooney Mara, réalisateur de I’m not There notamment), The Assassin de HOU Hsiao Hsien (Le voyage du Ballon Rouge), Moutains May Depart de l’excellent Jia Zhang-Ke (A Touch of Sin, Fidaï, 24 City, Cry me a river), Notre Petite Sœur du presque habitué de Cannes Kore-Eda Hirokazu (Air Doll, I Wish, Tel Père, Tel Fils), Le Fils de Saul de Laszlo Nemes (premier film) et Valley of Love de Guillaume Nicloux (La Religieuse, L’Enlèvement de Michel Houellebecq).


Agnès Varda, une Palme d’honneur

C’est la première fois dans l’histoire du Festival de Cannes qu’une Palme d’honneur est remise à une réalisatrice. La cérémonie de clôture sera donc l’occasion de rendre hommage à Agnès Varda et sa grande carrière, après Woody Allen, Clint Eastwood et Bernardo Bertolucci. C’est avec humour que la cinéaste a appris la nouvelle, « Et pourtant, jamais mes films n’ont approché le nombre d’entrées des leurs ! ». De quoi bien finir le Festival cette année.


Sabine Azéma, Présidente du jury de la caméra d’or

Une autre belle nouvelle féminine, Sabine Azéma, actrice très appréciée du cinéma français, sera la Présidente du jury de la caméra d’or, c’est-à-dire à l’affût des premiers films, des réalisateurs qui se lancent dans la compétition pour la première fois. Dans toutes les catégories, cette année à Cannes les premiers films ne manquent pas. Sabine Azéma sera accompagnée de la réalisatrice Delphine Gleize, du comédien Melvil Poupaud, de Claude Garnier qui représente l’Association Française des directeurs de la photographie Cinématographique (AFC), Didier Huck, qui représente la Fédération des Industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia (FICAM), Yann Gonzalez, qui représente la Société des Réalisateurs de Films (SRF) et Bernard Payen, qui représente le Syndicat Français de la Critique de Cinéma (SFCC). Le prix sera remis lors de la clôture du festival, le 24 mai.
 

Je suis un soldat (Laurent Larivière)


Un Certain Regard

Naomi Kawase, l’excellente réalisatrice japonaise, ouvre la section Un Certain Regard avec son film AN. C’est une plongée dans le monde de la pâtisserie nippone pour un film sur une rencontre avec un jeune vendeur et une femme de 70 ans. Comme chaque année, la sélection de films de la catégorie Un Certain Regard témoigne d’une grande ouverture au monde cinématographique, avec des réalisateurs et réalisatrices du monde entier. Clin d’œil au cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, en Compétition pour son film Rak Ti Khon Kaen, déjà Palme d’Or à Cannes pour Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures. Va-t-il remporter cette autre compétition, Un Certain Regard ? Mais aussi à Alice Winocour et Maryland, un long-métrage avec Matthias Schoenaerts, Diane Kruger, sur fond de protection rapprochée après une guerre en Afghanistan traumatisante. Un film Roumain attire aussi les regards, celui de Corneliu Porumboiu, Le Trésor (Comoara). Réalisateur talentueux, il nous emmène cette fois-ci dans une quête aux métaux par un père de famille fan de Robin des bois. De quoi être surpris. Seul français en Compétition dans cette sélection, Laurent Larivière avec Je suis un soldat métamorphose Louise Bourgoin en une fille fragile, qui travaille à Roubaix dans un chenil et qui vit d’un trafic de chiens sans foi ni loi, sinon celle de l’argent. Une belle attente pour ce film au scénario encore jamais abordé sur grand écran. Dernier film attendu, Taklub de Brillante Mendoza, réalisateur Philippin, et son cinéma presque du réel où plusieurs survivants d’un typhon sont suivis, pour le meilleur et pour le pire…

Autres films en Compétition pour Un Certain Regard : Masaan de Neeraj Ghaywan, Hrutar (Béliers) de Grimur Hakonarson, Kishibe no Tabi (Vers l’autre rive) de Kurosawa Kiyoshi, Zvizdan (soleil de plomb) de Dalibor Matanic, The Other Side de Roberto Minervini, Un Etaj Mai Jos (L’étage du dessous) de Radu Muntean, Mu-Roe-Han (The Shameless) de Oh Seung-uk, Las Elegidas (Les Élues) de David Pablos, Nahid de Ida Panahandeh, Alias Maria de José Luis Rugeles Gracia, Madonna de Shin Su-Won, Chaythi Koot (La Quatrième Voie) de Gurvinder Singh et Lamb de Yared Zeleke.


Hors Compétition

Quatre films, et pas des moindres, sont présentés Hors Compétition cette année à Cannes. À commencer par Woody Allen, habitué du Festival, qui vient présenter cette année Irrational Man (L’homme irrationnel) avec Joaquin Phoenix, Emma Stone, Parker Posey. Encore une histoire d’homme dévasté, de sentiments et d’amour déchu. Une plongée familiale dans la tête d’une petite fille, Riley, 11 ans, fait sa grande entrée côté animation avec Vice-Versa, le dernier Pixar. Ce sont les douces voix de Charlotte le Bon, Pierre Niney, Mélanie Laurent et Marilou Berry qui prendront corps dans ce film lui aussi présenté hors Compétition. Le même jour que sa sortie en salle, Mad Max : Fury Road aura sa place sur la Croisette. Tout comme Le Petit Prince de Mark Osborne, autre film d’animation prévu pour le 29 juillet en France avec Rachel McAdams, James Franco et Benicio Del Toro.


Semaine de la Critique

Comme chaque année, la Semaine de la Critique marque par une sélection fine et intelligente de films du monde entier. Nous en retiendrons 3 notamment le film d’Ouverture de la Semaine, Les Anarchistes de Elie Wajeman avec Tahar Rahim, Adèle Exarchopoulos. Paris, 19ème siècle, un groupe d’anarchistes est infiltré par un jeune brigadier, Jean Albertini. Ses sentiments vont être floutés en vue de son attachement pour ses nouveaux partenaires de quotidien… Ni le ciel ni la Terre de Clément Cogitore avec Jérémie Renier et Kévin Azaïs (Les Combattants) va sans doute nous étonner. Le scénario met en lumière l’Afghanistan, en 2014 , et des soldats qui mystérieusement une nuit vont disparaître. Dernier film à ne pas manquer, Dégradé de Tarzan & Arad Nasser. Un film palestinien, français et qatari, qui met en scène un groupe de femmes dans un salon de coiffure, protégées contre le Hamas qui cherche à venger le vol d’un lion dans le zoo de Gaza… Une histoire hors normes qui va sans doute nous étonner !

Autres films en Compétition à la Semaine de la critique : Krisha de Trey Edward Shults (États-Unis), Mediterranea de Jonas Carpignano (Italie, France, États-Unis, Allemagne, Qatar), Paulina de Santiago Mitre (Argentine Brésil, France), Sleeping Giant de Andrew Cividino (Canada) et La Tierra y la Sombra de César Augusto Acevedo (Colombie, France, Pays-Bas, Chili, Brésil).

Le site officiel de la Semaine de la Critique.


La Quinzaine des réalisateurs

Deux films sont au cœur de cette sélection parallèle à la sélection Officielle, deux films qui font énormément parler d’eux avant même le début du festival, à savoir L’Ombre des femmes de Philippe Garrel et Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin. Ce dernier, malheureusement pas en compétition officielle selon certains, présente un film sur les souvenirs, l’amour, le passé, la jeunesse. De quoi donner une flamme à cette section pleine d’espoirs et d’enchantement cinématographique !

Les films présentés par ici.


Séances de minuit

Le documentaire sur l’artiste Amy Winehouse, malgré le désaccord de sa famille, est projeté à Cannes et s’appelle tout simplement AMY. Véritable travail d’archives, touchant dès son teaser qui circule sur internet depuis quelques semaines, ce film risque d’en émouvoir plus d’un. Gaspar Noé, réputé pour son cinéma sensuel et osé, créé la polémique avec LOVE, son long-métrage très sexy en 3D. Des photos commencent à circuler, il sera présenté en séance de minuit (bon choix). Et pour finir, c’est un film de Hong Won-Chan, O Piseu (Office), un thriller à la sauce coréenne qui risque de nous étonner.
 

O Piseu (Office) (Hong Won-Chan)


L’ACID, cinéma indépendant

Le film le plus surprenant de cette catégorie à côté de la Compétition Officielle, toujours pertinente et laissant une chance au cinéma indépendant est Cosmodrama, de Philippe Fernandez. Un vaisseau spatial, 7 membres d’équipage perdus, réveillés après un long temps passé… De quoi vivre une expérience que certaines personnes ont rêvé.

Les films de l’ACID par ici.

 
 


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