El Cielo dividido

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Un certain cinéma qui peut dire merci entre autres à Pedro Almodovar qui semble avoir libéré d´une certaine manière l´image que l´on se fait de l´homosexualité. Un tel film, mexicain de surcroît, n´aurait même pas pu se concevoir il y a dix ans de cela. Aujourd´hui, il s´offre comme si une belle histoire d´amour était […]

Un certain cinéma qui peut dire merci entre autres à Pedro Almodovar qui semble avoir libéré d´une certaine manière l´image que l´on se fait de l´homosexualité. Un tel film, mexicain de surcroît, n´aurait même pas pu se concevoir il y a dix ans de cela. Aujourd´hui, il s´offre comme si une belle histoire d´amour était possible (ou impossible), mais en tout cas montrable dans les moindres détails entre deux personnes du même sexe. Ici, le cinéaste ne s´embarrasse pas de précautions et de préliminaires pour mettre en scène les amours de deux jeunes hommes qui se sont rencontrés, se sont séparés, et se retrouvent en somme, comme dans toute histoire d´amour, même bêtement hétérosexuelle. Car en fait, semble-t-il nous dire, et déjà dans le sous-titre (<< On peut se perdre dans le coeur de l´autre… ou dans l´extase d´un moment >>), toute histoire d´amour se déroule sur le même tempo et procède du mythe platonicien décrit par Socrate dans Le Banquet et que Jean-Louis Bory avait ensuite et naguère qualifié de << moitié d´orange >>. << Chacun de nous est donc comme une tessère d´hospitalité, écrit Platon il y a plus de 4000 ans, puisque nous avons été coupés comme des soles et que d´un nous sommes devenus deux ; aussi chacun cherche sa moitié. >> Ici, les deux protagonistes, Gerardo et Jonas, sont comme les deux moitiés d´un corps hermaphrodite séparées à la naissance et qui cherchent à se recoller. Cette union impossible cette osmose qui angoisse particulièrement Jonas parce qu´elle ne laisse plus de place aux autres aventures amoureuses, est le thème même du film qui se montre dans sa simple impudeur tout en demeurant fort pudique.

Il faut reconnaître un certain talent au jeune metteur en scène (et ce film a été présenté et récompensé dans de nombreux festivals) qui n´hésite pas à montrer les corps dans leurs jeux de rencontres et de solitude, dans l´amour mais aussi à travers la danse, dans ces moments où l´individu à la rencontre fusionnelle de l´autre, se retrouve souvent seul. L´amour est proche de la mort, et dans ce désir de se fondre en l´autre, on retrouve toute l´ambivalence de la naissance et de l´enfermement car, dans ce contact plus que charnel, jamais l´âme ne parvient à faire la jonction avec le corps. Cette solitude est bien montrée, et les corps sont bien filmés, bien éclairés, toujours très beaux à regarder. On sait qu´il n´est pas facile de filmer l´amour, dans le corps à corps, même si c´est la hantise même de l´image de cinéma ainsi qu´on pourra la lire dans Sexyvilisation dirigé par Roger Dadoun (éditions Punctum).

Il faudra sans doute pouvoir supporter avec patience cet amour qui ne peut se vivre tout au long de 150 minutes, ça commence par faire longuet, surtout que le support scénaristique se résume en fait à une petite bluette de roman-photo : Gerardo aime Jonas qui lui préfère un étranger jusqu´au jour où il sera jaloux de Sergio qui lui a piqué son Gerardo. Pas de quoi en faire un fromage, mais il est vrai que la vie c´est souvent ça, des petites histoires d´amour quelquefois bien empaquetées, quelquefois sordides et qu´il faut bien s´en dépatouiller qu´on soit gay ou pas.

Titre original : El Cielo dividido

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Durée : 140 mn


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