DVD « La Nostra Vita »

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Ceux qui n´ont pas aimé « La Nostra Vita » ne pourront pas se rattraper avec le DVD. Les bonus déçoivent. On aurait eu envie de creuser le supposé propos social du film et d´entendre parler davantage de l´Italie, et des Italiens…

Six mois après sa sortie en salles, La Nostra Vita de Daniele Luchetti, sélectionné à Cannes l’année dernière, sort ainsi en DVD. Au menu en plus du film, deux courts bonus : un making-of et un entretien avec l’acteur principal, Elio Germano. Entretien dont on pouvait attendre beaucoup, au vu des déclarations de l’acteur lors de la remise de son Prix d’interprétation au Festival cannois (ex-aequo avec Javier Bardem et Biutiful). Mais non, à l’image du film et de ses grandes ambitions manquées (lire la critique de Mickaël Pierson ici), les bonus déçoivent. Trop haché et trop court pour le making-of qui ressemble plus à un passage obligé qu’à un véritable complément enrichissant, et pas assez approfondi pour l’entretien. Seul point positif de ce dernier, il permet de découvrir un peu plus le Romain Elio Germano, star dans son pays mais pas encore dans l’Hexagone.

 

Ainsi, ceux qui n’ont pas aimé La Nostra Vita ne pourront se rattraper avec cette sortie DVD. L’entretien d’Elio Germano se borne à une interview déjà lue/vue/écoutée divisée en quelques thèmes grossièrement coupés au montage : son personnage, Claudio, son Prix d’interprétation à Cannes, un film anti-Berlusconi (certains passages de cet interview sont d’ailleurs sur le net). Les propos de l’acteur sonnent juste quant à l’analyse qu’il fait de son personnage, qu’il a véritablement participé à créer (un ouvrier veuf qui lutte envers et contre tous pour ne pas perdre la "bella figura", la face en italien). Ils rappellent la qualité d’interprétation de l’acteur mais laissent le spectateur sur sa faim. On aurait vraiment eu envie qu’il développe – peut-être l’a-t-il fait ? – les propos évoqués au Festival de Cannes en mai 2010* (propos qui ne sont pas rappelés explicitement dans le DVD, ce qui implique une recherche pour qui n’aurait pas vu la cérémonie), et qui ont créé une «polémique » en Italie. Dans la même veine, il parle à un moment de la difficulté de faire des films en Italie : « On en fait moitié moins chaque année que l’année précédente ». Là encore, le propos se contente d’être un commentaire. Pas d’exemples ni d’analyses à l’appui, comme si tout était indui. Dans le making-of, Daniele Luchetti, visiblement interviewé bien après la sortie du film, ne fait d’ailleurs pas référence à d’éventuels problèmes pour le cinéma italien.

À l’opposé de l’analyse, chaque sujet est ici abordé en surface, excepté la mise en scène et les préparations et conditions de tournage. « Décors naturels », « pas de répétitions » avant les scènes, « acteurs non professionnels » pour certains. Le propos tend uniquement à démontrer le tour de force réalisé par Daniele Luchetti avec ce film que tous, dans le DVD, voudraient inscrire dans la droite ligne des films réalistes et sociaux, Pasolini est, entre autres, évoqué à un moment en référence aux décors naturels utilisés… Ainsi, on est en permanence dans la justification des choix de mise en scène : les plans serrés, les acteurs qui ne savent pas s’ils sont filmés, le matériel « caché » lors de la scène de l’enterrement de la femme de Claudio…
 

 

Surprenant aussi, ni le réalisateur, ni l’acteur n’évoquent leur précédente collaboration. En 2006 en effet, Elio Germano était l’un des rôles principaux d’un autre film de Daniele Luchetti : Mon frère est fils unique, sélectionné dans la catégorie Un certain regard du Festival de Cannes en 2007. Et c’est pourtant un des films qui a propulsé l’acteur, collaborateur également d’Ettore Scola (Concurrence déloyale), de Michele Placido (Romanzo criminale) ou de Emanuele Crialese (Respiro).

Cette sortie DVD est, pour certains, l’occasion de découvrir un peu plus Elio Germano, chevelu et posé ici en interview, alors qu’il est encore nerveux et gesticulant dans le making-of mais, comme dans le film, le manque de profondeur psychologique et le manque de simplicité des bonus proposés n’en font pas un DVD à collectionner.

* « Etant donné que nos politiciens reprochent toujours au cinéma de mal parler de l’Italie dans nos films, je voulais dédier ce film à l’Italie, et aux Italiens, qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour faire de l’Italie un pays meilleur malgré la classe dirigeante ».

DVD édité chez AD Vitam
 

 


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