DVD « Berlin 1885 – La ruée vers l´Afrique »

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Plus de 125 ans après le partage de l’Afrique, le DVD « Berlin 1885 – La ruée vers l´Afrique » retrace la conférence qui en est à l´origine, fiction et témoignages d´historiens à l´appui. Pédagogique et édifiant.

15 novembre 1884 à Berlin. Une quinzaine de grandes puissances occidentales, parmi lesquelles le Royaume-Uni, l’Espagne, la France, les Etats-Unis*…, se réunit dans le palais du prince et chancelier Otto Von Bismarck, à son initiative, pour se partager l’Afrique. Officiellement pour associer « les indigènes d’Afrique à la civilisation ». Cette conférence internationale s’achèvera le 26 février 1885 sur la mise en pièces du continent africain.

Edité en DVD dans la collection « Histoires » chez Arte Editions, ce long-métrage de Joël Calmettes, auteur et réalisateur de nombreux films documentaires (Nelson Mandela au nom de la liberté ; Albert Camus, le journalisme engagé), recrée un moment clé de l’histoire africaine, puisqu’aucune archive photographique ou filmographique n’existe de cette conférence (la première projection des frères Lumière date de 1895). Le documentaire, s’il est complètement fictif, joue la carte de la rigueur scientifique. Des discussions cruciales sont mises en scène et jouées par des acteurs : Jacques Spiesser (Chancelier Bismarck), Pierre-Loup Rajot (Baron de Courcel)… La voix de Florence Pernel joue les intermèdes sur fond de film et apporte un commentaire historique sur les relations parfois déjà émaillées entre les différentes puissances et sur les enjeux des discussions à proprement parler, le tout en brossant les egos des unes et des autres. Parallèlement à la fiction divisée en 5 chapitres, des historiens européens, africains et américains interviennent et éclairent encore un peu le propos en le complétant, et l’élargissent dans les interviews présentées en dehors du documentaire (la naissance de l’anthropologie, les zoos humains…).

Fiction, témoignages d’historiens et photos d’archives sur l’Afrique du XIXème. Cette mise en scène présente l’avantage de donner une vision multiple et donc pédagogique du partage qui sera fait de l’Afrique. Et retrace d’autant mieux l’atmosphère de ce qui prend rapidement « l’allure d’une réunion de copropriétaires vétilleux » alors qu’ils « auraient pu être des acteurs visionnaires », sentence la voix off. Car là réside bien l’enjeu du film : faire prendre conscience de la brutalité et de la rapacité avec laquelle la « haute assemblée », comme elle se qualifiait elle-même, s’est partagée « le dernier des continents inviolés ». Si l’Afrique est au cœur du sujet, l’Occident, avec Bismarck, Léopold II roi des Belges et Jules Ferry à sa tête, l’est tout autant. Les discours grandiloquents de ces messieurs, leurs titres à rallonge et leurs prétendues connaissances de ce territoire permettent ainsi d’imaginer dans quel contexte s’est décidé le sort de l’Afrique, sans qu’aucun de ses représentants ne soit jamais consulté.

Bonus

Des interviews inédites
Gilles Boëtsch, CNRS
Mathilde Leduc-Grimaldi, Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren
Isidore Ndaywel, Université de Kinshasa
Jean Luc Vellut, Université Catholique de Louvain


* L’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède


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