Coeur animal

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Un premier film brut, sur le coeur saignant d´une brute : l´expérience est exigeante, malgré d´apaisants paysages d´alpages.

Coeur animal est le premier long-métrage de Séverine Cornamusaz et le fruit de l’adaptation du roman Rapport aux bêtes de Noëlle Revaz. Hormis un titre qui pèche par sa naïveté, la réalisatrice propose un film accompli : les plans de nature sont sublimes, les cadrages sont subtils, la photo en vert et gris distille sur les alpages un sentiment atemporel bien adéquat à l’ambiance et l’on n’oublie assez vite les quelques flous ou mouvements de caméra chaotiques.

L’audace de Séverine Cornamusaz est plutôt dans l’histoire qu’elle a choisie d’adapter qui, fleurant le fromage au lait cru, la crotte sur les bottes et le foin macéré, n’est pas d’une universalité criante. L’accès au cœur de l’animal n’est alors pas facilité. La bête en question est un homme, Paul, paysan dans les Alpes suisses. En effet, dans l’isolement de leur ferme et la quotidienneté de leur labeur, il traite sa « Belle », son épouse Rosine, avec froideur et brusquerie. Lorsqu’il la soupçonne d’être enceinte, il essaie de déterrer des élans d’affection mais s’embourbe dans des codes qu’il ne connaît pas. Pis, de grognements en agressions physiques, il finit par faire fuir sa femme à la ville, où elle va tenter de panser le mal qui la ronge – de penser le mâle qui la ronge -, un cancer… Comment résonner Paul qui la dénigre ? Comment résonne un cœur dur comme un roc ? 

Les comédiens Olivier Rabourdin et Camille Japy campent avec authenticité la  personnalité particulière de ces personnages, tous deux effrayants de fragilité, qui vacillent entre bestialité et humanité, entre soumission et domination. Si au-delà de la brutalité et du silence qui fondent le couple, on se laisse gagner par la psychologie des protagonistes, Coeur animal peut se révéler touchant. De même, malgré un rythme très lent, la beauté époustouflante des paysages – qui fait aimer la brume, la bruine et l’aube – participe à la séduction.

Néanmoins, l’aridité du fond comme de la forme fait pencher le film vers une sorte d’exotisme rural. Or, cette maladresse l’éloigne d’une quelconque universalité, pourtant nécessaire à l’émotion. Ainsi, il faut déjà être un peu armé pour grimper dans ces montagnes et se laisser apprivoiser par ce Cœur animal.

 

Titre original : Coeur animal

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Durée : 90 mn


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