Clermont-Ferrand : Jour 9

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Dernier jour, dernier court.

De cette ultime soirée de clôture, nous retiendrons la qualité de l’échantillon. Du Dernier bus à Mollement, un samedi matin (Sofia Djama- 2011- Fiction – 26′), la qualité fût définitivement au rendez vous.

Seul La France qui se lève tôt (Hugo Chesnard – 2011 – Fiction – 22′) vint entacher cette programmation finale. Ce court organise très maladroitement la rencontre entre comédie musicale et sujet d’actualité. La mise en lumière de cette histoire d’un sans papier est certes tout à fait louable, mais confronter ce genre de thème à un genre principalement dédié au spectacle et à la légèreté semble un peu irresponsable.

On cherche à séduire le spectateur en usant de procédés clichés, de rimes médiocres et de musiques dignes des pires comédies musicales françaises. La France qui se lève tôt est l’exemple type d’un militantisme spectacle bas du front qui ne cherche à aucun moment à aider le spectateur à s’élever intellectuellement.

Chassons donc ce mauvais souvenirs pour nous intéresser au prix du public 2012 : Curfew de Shawn Christensen (Etats-Unis – 2011 – Fiction – 19′).

(A.H.)

Le court du jour

Curfew est l’histoire déprimante mais presque drôle d’un dépressif qu’un coup de téléphone de sa sœur va sortir de sa baignoire remplie du sang de ses veines fraichement coupées.

Centré sur la relation entre le personnage principal et sa nièce, le film rattrape les deux protagonistes d’Alice dans les villes (Wim Wenders, 1974) en ôtant la dose de mélancolie contemplative du long allemand pour injecter (temps de crise oblige) une forte dose de tristesse frontale et puissante. De manière assez étonnante, ce troisième court de Shawn Christensen affronte le stéréotype narratif du suicidaire sauvé par l’innocence de l’enfant et nourrit son propos d’une indéniable intelligence.

Le flou délibéré planant sur les origines de la dépression du personnage central donne à Curfew une force universelle. Nous ne sommes plus seulement au cœur de cette histoire localisée d’un frère et d’une sœur perdus dans une grave descente de moral, mais dans celle d’une société en crise, incapable d’identifier les causes du marasme.

Curfew peut d’ailleurs être haussé d’une seconde comparaison, le court entretenant en effet avec le très plastique Shame deux points communs : les rapports conflictuels entre un frère et une sœur et la non détermination des origines de la dépression. Mais là ou le dernier Steve Mac Queen s’enlisait dans la lourdeur en optant pour une conséquence bien précise (l’addiction au sexe) mal choisie et mal traitée, Curfew garde une certaine distance et généralise, sans affadir, la thématique de la crise existentielle.

(A.H.)

Le détail du palmarès disponible sur le site du festival :
http://www.clermont-filmfest.com/index.php?m=128

Trois programmes de films primés seront projetés samedi 11 février au Forum des Images, à Paris (16h, 18h30 et 21h).

Rendez vous l’année prochaine, pour le 35e Festival de Clermont-Ferrand, du 1er au 9 février 2013 !


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