Clermont-Ferrand : Dernier jour

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Dernier jour, « Tram ».

Clôture et fin

De salles combles en salles combles, le festival a, une nouvelle fois, su attirer les foules. Toujours de qualité, les différentes programmations faisaient honneur à un public assidu. Du palmarès, dont il faut parfois se méfier, nous retiendrons la qualité des sélections françaises et internationales. Les prix des jurys labo déçoivent, car en décalage avec l’audace d’une partie des films vus.

En ce qui nous concerne, nous prélèverons de cette soirée le joyeux Tram (2012), de la tchèque Michaela Pavlátová.

Tram

Habituée à recevoir des prix, la réalisatrice fut récompensée, pour ce même court, au Festival international du film d’animation d’Annecy 2012, participant ainsi à l’éclairage continu du cinéma d’animation tchèque – voir Aloïs Nebel (Tomas Lunák, 2012) et les films de Jan Svankmajer. Pris dans un projet collectif de films d’animation de femmes sur le sexe, Sexperiences, ce Tram superpose grisaille du quotidien et couleur de la chair.

Une lumière éclaire une femme dodue. Elle monte dans un tramway, le dirige, la musique démarre et, d’arrêts en arrêts, des hommes incolores entrent dans la machine. Rythmé par les gestes de la conductrice, maniant machinalement les leviers, la bande son active peu les personnages. Seule la chauffeuse porte son imagination vers des plaisirs inassouvis. Elle déboutonne son uniforme, transfigure les leviers, ne voit plus la route, manque d’écraser un chat, s’invente au milieu des hommes gris, à l’arrière. Elle revient à la réalité, réveillé par la gêne des passagers. Ils quittent l’engin, un seul reste, il se rapproche. Nouvelle musique, jazz, dîner aux chandelles, extinction des feux…

Pavlátová explore astucieusement les mouvements souterrains de l’imagination sexuée, enterrés sous les mécanismes du travail répétitif. Bien sûr, le tramway n’est qu’un outil, servant principalement de métronome au mariage image/son. Le cœur du film tient dans l’esprit et sous la ceinture du personnage principal. Ses formes bondissantes, dessin simple, sa peau rose, son incapacité progressive à travailler au milieu des hommes, participent de l’humour du film. L’aliénation induite par le cadre est immédiatement balayée par cette drôle de femme, à la fois maestro – elle stoppe la musique en arrêtant le tram – et victime de ses pulsations. Elle contrôle peu, se lâche, la machine à composter se muant ainsi en des hommes compostant en elle… C’est gras, mais le son, les dessins et la malice détendent. Au pays des trams, les envies bourgeonnent et dansent, pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques.         

Clermont-Ferrand : Jour 7


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