Casanegra nous laisse voir avec réussite un « Casablanca by night », où la noirceur des ruelles se mêle à l’éclairage aveuglant des grands boulevards. Ce contraste visuel souligne très justement les différences sociales qui hantent la ville, à la fois éblouissante et misérable. Un très bon jeu d’acteurs, lesquels dérivent entre le comique et le tragique selon la configuration de chaque scène, contribue également à rendre compte de l’aspect tragique du réel, sans pour autant tomber dans le pathos.
Malheureusement, le traitement de l’intrigue, du scénario au montage, dessert l’histoire en mettant en place un rythme narratif imparfait et lassant, souligné par une bande son souvent en décalage avec l’image. De plus, les revendications sociales du réalisateur se font de plus en plus floues. Si la violence faite aux femmes est pointée du doigt (spécialement dans une « séquence symbole » qui montre le jeune Alid corrigeant un beau père qui s’entête à maltraiter sa femme jusqu’à l’abrutissement), les homosexuels sont quant à eux systématiquement dénigrés et tournés en dérision, depuis l’utilisation plus que récurrente du mot « pédé » comme insulte universelle, jusqu’aux choix scénaristiques de représenter le seul et unique personnage issu de la haute société sous les traits d’un pervers travesti, qui maltraite une jeune femme – évidemment – sans défense. Incohérence fatale qui achève de faire sombrer le film dans un obscur malentendu.