Mia et John sont heureux. Ils sont blonds, ils sont beaux et quand ils se lèvent des bancs de leur église, leurs vêtements ne sont même pas froissés. Lui est sur le point de devenir un brillant généraliste, elle va bientôt être maman et ils choisissent le nom du bébé en riant à la vie. Le bonheur Blédina jusqu’à ce qu’une nuit, deux membres d’une secte satanique s’infiltrent chez eux pour les agresser sauvagement. L’homme est abattu par la police tandis que sa compagne a l’idée assez logique de se suicider dans la chambre de l’enfant à naître, la poupée la plus moche du monde dans les bras. C’est là que les ennuis commencent. En fait c’est là que l’ennui commence.
Le (aux trois quarts) réussi Conjuring(James Wan, 2013) distillait une angoisse supplémentaire, celle des spin off en rafale ; si chaque objet stocké dans la cave des Warren avait droit à son propre film, l’année cinématographique oscillerait entre super héros et objet super possédé. Warren, les dossiers Marvel et vice et versa. Il n’empêche que l’annonce de la sortie d’Annabelle procurait aux amateurs du genre un certain frisson d’excitation. Chouette ! Une nouvelle poupée maléfique qui trucide ses propriétaires après les avoir traumatisés à base d’yeux qui clignent, de déplacements intempestifs et de rires de castrat. La chute est haute. Et longue. C’est un plantage total, des débuts apathiques à la fin stupide et moralisatrice.
Annabelle est un concentré de tout ce qui peut pourrir un film de genre. Voilà encore des personnages de film d’horreur qui n’ont jamais vu un seul film d’horreur de leur vie, et qui mettent trois mois à comprendre qu’il y a peut-être un problème au moment où ils voient le diable traîner dans les parties communes. Pareil pour la poupée. Chucky avait vraiment une tête de Brave Gars à son arrivée chez Andy, mais quelle personne normalement constituée offrirait une poupée aussi laide à sa femme ? « Oh merci chéri, j’en rêvais ». Très bien, les femmes enceintes ont vraiment de drôles d’envies. Si encore c’était la seule chose incohérente, cela passerait peut-être. Malheureusement, des personnages, des liens de cause à effet, et même la logique sont tombés dans des trous noirs scénaristiques qui menacent d’aspirer le film dans son intégralité. A commencer par son héroïne, la poupée, condamnée à faire de la figuration si bien qu’on oublie que c’est elle que l’on venait voir. On ne sait même plus à quoi elle sert, ni pourquoi elle est là, ni comment elle avait réussi à nous terrifier dans Conjuring.
Après avoir bien ri devant les innombrables absurdités, l’ennui s’installe puisque tout est prévisible ; le spectateur a au moins dix minutes d’avance sur les personnages. Quand ils ont peur, on dort déjà. « Oh la machine à coudre, ouh la gazinière, ah la télévision ! », il y en a marre de ces gros plans sur des objets prétextes dont on devine qu’ils vont fonctionner tout seul. Tout est surligné quinze fois, la surprise et la peur sont ensevelies sous une avalanche d’inserts, épaulés par les jump scare et une musique assourdissante (sûrement inspirée du bruit de la mouche coincée dans un bocal) qui mettent en lumière l’absence totale d’idées de mise en scène et la désertion de l’inventivité. Rires d’enfants, apparition en robe blanche, voisine qui a souffert donc qui sait plein de choses, prêtre sympa et hyper concerné, aucun cliché ne nous est épargné. Un air de déjà trop vu, qui frise le ridicule quand Leonetti invoque l’esprit de Polanski et de son Rosemary’s Baby (Roman Polanski, 1968).
Alors, à la fin de la projection, une idée nous vient. Mais bien sûr, confier la réalisation d’Annabelle à celui qui a réalisé Mortal Kombat (1995) ne peut être que le résultat d’un pari perdu ! Sinon cela voudrait dire que ce film ne serait qu’un vulgaire objet commercial, tourné et monté en deux semaines, pour vendre des produits dérivés et se faire un maximum d’argent ? Pas possible…
Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.
En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…
Lundi 7 juillet, au cours d’une cérémonie à la cinémathèque française, un long métrage et un court métrage se verront attribués le prix Jean Vigo, 2025. Wang Bing sera également récompensé pour l’ensemble de son œuvre.
L’anthologie du suspense et de l’humour orchestrée par Sir Alfred Hitchcock. 268 histoires courtes – dont un grand nombre d’inédits- à dévorer sans modération.