19ème édition du Transylvania International Film Festival de Cluj-Napoca

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Compte rendu du Transylvania International Film Festival de Cluj-Napoca.

La 19ème édition du Transylvania International Film Festival de Cluj-Napoca en Roumanie vent de fermer ses portes et, pour les critiques internationaux, a eu lieu en ligne, Covid oblige. Drôle d’expérience, un peu frustrante. Films en compétition vus en VOD depuis chez soi, ainsi que la délibération finale par Zoom. Mais certains spectateurs sur place ont eu la chance d’assister en plein air au palmarès et à la projection du film de clôture, Effacer l’historique de Benoît Delépine et Gustave Kervern.

Voici donc le palmarès et quelques impressions.

 

Grand Prix : Milla, Shannon Murphy

Prix de la mise en scène : Zheng Lu Xinuyan pour The Cloud in Her Room & Tim Mielants pour Patrick, ex-aequo

Prix du jury : Sister, Svetla Tsotsorkova

Prix d’interprétation : Evgeniya Gromova pour Fidelity

Prix du public : Milla, Shannon Murphy

Grand Prix Romanian Days : Acasă, Radu Ciorniciuc

Meilleur premier film : Legacy, Dorian Boguță

Mention spéciale : Ivana the Terrible, Ivana Mladenović

Prix du public : So, Whats Freedom ?, Andrei Zincă

Prix Fipresci : Everything will not be fine d’Adrian Pîrvu and Helena Maksyom

 

Depuis la fin des années 80 et la chute des Ceaucescu, le cinéma roumain est très apprécié en Europe, et notamment en France. C’est vrai que, depuis, les noms de jeunes réalisateurs de l’école de Bucarest s’est imposé dans le paysage cinématographique de qualité comme ceux de Cristian Mungiu, (Palme d’or 2007 au festival de Cannes pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours), Corneliu Porumboiu qui s’est fat connaître avec 2h08 à l’est de Bucarest en 2007, Catalin Mitulescu, et enfin Cristi Puiu avec La mort de Dante Lazarescu en 2006, pour ne citer qu’eux. Il est vrai qu’un film roumain est reconnaissable entre mille en quelques plans seulement tant le style cinématographique est original, à la fois plein d’humour et terriblement réaliste sans tomber dans le naturalisme du style de certains cinéastes français notamment. Mais de toute évidence un cinéma d’auteur avec lequel il faut compter.

Le 19ème Transilvania International Film Festival de Cluj-Napoca (31 juillet – 9 août 2020) dans sa section The Romanian Days nous a proposé un florilège de neuf films, de ce que le cinéma roumain fait de mieux en ce moment, tant en matière de documentaire que de fiction. Au niveau des documentaires, Teach d’Alex Brendea, récompensé au festival Astra de Sibiu, est un excellent film qui donne une image de la pédagogie telle qu’elle devrait être mise en place entre confiance et empathie, et pas seulement en Roumanie, à travers le portrait d’un professeur débonnaire et de ses élèves. Acasa est le second documentaire proposé par cette section. C’est un film de Radu Ciorniciuc sur une famille Rom qui vit depuis des années dans le delta du fleuve de Bucarest et qui est délogé, puis relogé, pour faire place à un parc naturel en pleine ville. Nul doute que ce chef-d’oeuvre roumain est voué à un très grand succès. Ensuite, on peut parler du troisième documentaire, Casa pu păpuși de Tudor Platon, présent lui-même dans nombre de plans, qui raconte de façon poétique et mélancolique les journées de vacances à la campagne que s’octroie un groupe de quelques femmes octogénaires. Tout le sel du cinéma roumain. Autre documentaire, le quatrième de ce choix assez équilibré, Ivana the Terrible de Ivana Mladenović, autoportrait sans concession d’une actrice d’origine serbe ayant fait ses études et sa carrière en Roumanie. Après avoir été confrontée à des problèmes de santé, elle décide de passer l’été dans sa petite ville natale serbe au bord du Danube, entourée de sa famille. Elle accepte à contrecœur la proposition du maire de devenir l’égérie du festival de musique local. Enfin, dans la catégorie documentaire, un cinquième film, Everything will not be fine d’Adrian Pîrvu and Helena Maksyom, auquel le jury de la Fipresci de ce festival a décidé d’accorder son prix, est un vibrant hommage à un jeune homme qui perd peu à peu la vue et qui, accompagné de son amie, va retourner sur les lieux de Tchernobyl cause de son handicap pour avoir la force d’en faire un film. Vibrant et puissant.

Les autres quatre films de la section The Romanian Days sont des fictions tout aussi magnifiques. Carturan de Liviu Săndulescu, bien que de facture assez classique, donne une belle image de la Roumanie actuelle, avec sa mélancolie, la solitude des habitants de la campagne et la maladie qui guette et fait des enfants orphelins. L’acteur principal, Teodor Corban, on le retrouve dans une autre fiction, Urma (Legacy) de Dorian Boguță, film troublant sur une disparition traitée entre thriller et film de genre psychologique. Deux autres films de fiction, en confrontation avec l’ensemble paraissent cependant plus fades, comme Inceput (Beginning) de Răzvan Săvescu et 5 minutes too late de Dan Chișu, un peu trop cliché et téléfilm sur un sujet brûlant en Roumanie et ailleurs sur l’homophobie, sujet quand même un peu tarte à la crème.

Mais enfin ces rencontres avec le cinéma roumain, même si elles sont restées virtuelles à cause du coronavirus, nous donnent envie de revivre l’expérience l’année prochaine, et espérons-le in situ. D’ici là, prenez soin de vous et du cinéma.

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