13 m²

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Premier long métrage de l´acteur d´origine Suisse Barthélemy Grossmann, 13m² fait assurément partie de ces > tendus dont la structure, plus proche de l´idée, du concept, ou de l´orientation scénique d´une mise en situation, ne s´embarrasse pas forcément d´un scénario à l´écriture hyper travaillée. En abordant la psychologie de trois jeunes adultes confrontés à la […]

Premier long métrage de l´acteur d´origine Suisse Barthélemy Grossmann, 13m² fait assurément partie de ces << petits films >> tendus dont la structure, plus proche de l´idée, du concept, ou de l´orientation scénique d´une mise en situation, ne s´embarrasse pas forcément d´un scénario à l´écriture hyper travaillée. En abordant la psychologie de trois jeunes adultes confrontés à la réalité d´un braquage qui tourne mal, le réalisateur s´engage dans un huit clos déstructuré qui décortique, tant bien que mal, les rapports entre ces individus unis pour le pire. Cette approche cinématographique dépolitisée effleure l´exercice de style proche du drame psychologique, accuse des maladresses de ton et de mise en scène, mais triture une pellicule avide d´expérience nouvelle et surtout d´appropriation visuelle. Si le film n´est pas complètement réussi, il se montre sincère, personnel et surtout vivant.

En décrivant les tensions qui naissent de cette plongée post braquage, le réalisateur instaure un dialogue à trois autour d´une psychologie singulière qui explore les comportements de chacun, dans une situation donnée et dans un espace clos propice à la révélation d´une nature sociale. Si ce dialogue reste malheureusement un peu vain, il se trouve perturbé par la cohabitation quasi systématique de l´univers de la << planque >> avec celui du monde extérieur. L´existence d´un film aux petits oignons proposant une descente annoncée vers la folie et l´explosion de cette << cellule humaine >> acculée à la promiscuité, ne verra donc jamais le jour. Et c´est là ou réside la force et la faiblesse d´un film qui ne cesse de surprendre.

Préférant explorer des voies plus classiques dans les rapports humains, Barthélemy Grossmann laisse tout de même ressurgir ce qu´il faut de peurs, de doutes et de passé plus ou moins douloureux. Le cinéaste condamne dès lors ses protagonistes et dessine assez habilement un film anti-polar, lorgnant plutôt vers l´analyse sociologique des jeunes de banlieue en manquent de reconnaissance et d´avenir. Si le tout reste stéréotypé, les mises en situation sont clairement définies et rythment avec cohérence le métrage (José, faux leader en plein doute, ne peut avouer aux autres qu´il continue d´appeler son amie ; Farouk, trentenaire moralisateur et un peu désabusé, ne s´assume pas ; Reza, qui perd son travail pour suivre ses amis, retombe rapidement dans l´héroïne).

Certes, nous ne sommes pas loin de la caricature, mais en instaurant cette mise en abîme des êtres, dans leur individualité et leur spécificité (rendue presque caduc par une fin trop poétique et somme toute banale), le cinéaste minimise ce statisme des postures pour créer une dramaturgie comme contrepoint de la figure de style de départ. Mais à force de trop tourner autour de son concept initial par jeu de pistes scénaristiques mal emboîtées, Grossmann atténue la tension de son métrage, oublie la détresse de ses personnages et pêche par dispersion narrative.

Doté d´une mise en scène parfois limite, le film se cherche, explore et capture des visages dans la froideur des évènements. Pulsé par un ton en léger décalage avec le propos, la structure du film se veut tout à la fois référentielle et propre, mais sans jamais céder aux sirènes du sensationnel. Symptomatique de cette recherche, le plan en travelling avant dans la ruelle qui mène à la planque, est ponctué par les sons << off >> du braquage du fourgon blindé. C´est stylé, assumé et reste dans un registre de mise en scène qui veut éviter les facéties de réalisation.

Par ce premier essai, Barthélemy Grossmann a su installer un univers qui flirte continuellement entre drame social et vacuité d´une époque. Ce n´est déjà pas si mal.

Titre original : 13 m²

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Durée : 85 mn


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