Vitus, l’enfant prodige

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En ôtant quasiment tout conflit et toute cruauté à son film, Fredi M. Murer réalise l’anti-conte initiatique parfait, et le message pourtant juste de son « Vitus » n’en reste que charge inoffensive et naïve.

Auréolé de nombreux prix (Ours de bronze à Berlin, meilleur film au prix du Cinéma Suisse…), le dernier film de Fredi M. Murer semblait encore une fois avoir tout pour convaincre les déjà nombreux admirateurs de l’atypique réalisateur suisse (les très réussis Zone grise (1979), L’âme soeur (1985) ou Pleine Lune (1998)). Le moins que l’on puisse dire c’est que Vitus, l’enfant prodige nous cueille à froid. La vie de ce jeune garçon surdoué, étouffé par ses parents et par le regard des autres, tient plus du conte de Noël que du plaidoyer pour la liberté souhaité par M. Murer. D’une naïveté totalement désarmante, on reste au mieux sans voix devant ce jeune garçon, pianiste précoce, qui va devoir boursicoter pour sauver de la misère sa famille et son grand-père (Bruno Ganz parfait et fatigant en papy gâteau). Devant une telle overdose de bons sentiments, c’est moins le caractère de fable qui tracasse, que le grand écart qu’effectue durant tout le film M. Murer. La première partie cruelle et réussie, où l’enfant est exhibé comme un animal de cirque devant les collègues du père, renvoyant à la lente et prévisible réconciliation familiale finale; le contexte social froid et réaliste (le parcours du père dans son entreprise; la mère qui quitte son emploi pour se consacrer à son fils) dans lequel arrive pourtant à s’introduire un enfant de 12 ans, capitaliste ambulant dans un costume trop grand pour lui.

Juste, mais bien trop inoffensif, Vitus, l’enfant prodige est pacifié de tout conflit, et le caractère téléfilm, voire carte postale, de certaines scènes, perce sous la sincérité de M. Murer. C’est bien entendu décevant au vu des précédents films du réalisateur, mais également au vu des nombreux éléments prometteurs que nous offrait Vitus. Qu’il s’agisse de la cruauté latente de la première partie, de l’histoire d’amour inaboutie ou bien de tous ces éléments absurdes disséminés ici ou là (le simulateur de vol du grand-père, la " bat-ear "…). M. Murer semble faire pour un pas en avant, deux en arrière et Vitus, l’enfant prodige ne décolle en vérité jamais.


Editions Océan Films Distribution
Distribué par TF1 vidéo le 7 août 2008


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