Unstoppable

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Tony Scott n´a pas fini de surprendre. Depuis deux films, il semble mû par une grande maturité, « Unstoppable » le dernier, prouvant encore une fois que le cinéaste américain est toujours à l´avant-garde du film d´action et de rebondissement.

Tony Scott signe ici une bonne série B pleine d’action roulant comme sur des rails. Enfin le cinéaste américain en a fini avec ses montages épileptiques à la Domino et calme ses ardeurs pour placer le scénario en amont de l’image. Terminés les effets outranciers (il n’y a plus un plan à la seconde), même s’il garde ici et là les quelques leitmotivs (les ralentis notamment) identifiant son style.
Basé sur une histoire vraie, Unstoppable prend pour ligne directrice la perte de contrôle d’un train que personne ne peut arrêter sauf, bien entendu, deux gars tranquilles (Denzel Washington et Chris Pine). Le cinéaste américain ne joue plus des mythes du cinéma et prend donc deux conducteurs de train lambdas pour en faire des héros. Finis les flics auréolés de pouvoir à six coups, bienvenue aux « simple men » jouant plus de la clé à molette que de la machine de guerre.
Unstoppable fonctionne ainsi simplement comme un bon film d’action. Dès les premières images du film, pas le temps de se poser, ni de réellement placer l’action : tout est donné au spectateur pour qu’il réfléchisse le moins possible et en ait en gros pour son argent. Scott signe un film toujours en mouvement, sans « vrais » plans fixes, même les conversations étant filmées à l’intérieur de véhicules en plein déplacement. On pourrait penser que le cinéaste se sert du train comme métaphore du cinéma, avec les vitres comme photogrammes et les rails comme machine à projeter du rêve, ce qu’il réalise par l’analogie du défilement et de la rapidité de chaque action. Tout passe sur le train comme une surimpression. Les explosions ou encore les Marines qui tentent d’entrer dans la machine ne peuvent qu’effleurer le doux rêve de pouvoir monter à bord, car ils ne s’incorporent pas dans le déroulement des images.
Il faut aussi reconnaître à Tony Scott l’effort de réhabilitation du « film de monstres ». Dans l’incipit d’Unstoppable, le train est présenté comme un être vivant, les vitres sont comme des yeux et l’avant, une bouche prête à avaler tout ce qui se trouve sur son passage. Godzilla terrifiait une ville par la destruction matérielle due à sa taille. Ici, c’est par le transport de produits toxiques que la catastrophe peut survenir. Le réalisateur adapte en quelque sorte le genre à une histoire vraie, y incorporant une forme d’inquiétante étrangeté freudienne. Ainsi, ce n’est plus, comme dans les années fastueuses de ce genre, la crise atomique qui est en cause du déclin de l’humanité, mais l’Homme qui se nuit à lui-même par ses créations et ses erreurs.
Le réalisateur de Déjà vu paraît donc calmé de ses excentricités scéniques : on échappe aux couleurs criardes qui, dans Domino, brûlaient la pellicule et bavaient sur l’écran. Dans Unstoppable, tout est fait pour laisser transparaître la réalité des actes de chaque personnage. Tout, dans les choix des chromatiques est fait pour nous faire plonger dans le quotidien d’hommes bien tranquilles qu’un monstre de métal vient perturber.
Scott parvient ainsi à se refaire une beauté dans le paysage cinématographique, signant ici un film que l’on se ravit de suivre sans mal de tête, semblant surtout retombé en enfance et s’amuser à jouer avec ce train avec son égérie Denzel Washington, qui joue ici avec  justesse un homme déçu par la société. Les films de Tony Scott prennent un tournant des plus ambitieux. Il ne reste plus qu’à espérer qu’il ne déraille pas au premier virage, après ce décoiffant Unstoppable.

Titre original : Unstoppable

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Durée : 95 mn


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