Un Amour impossible

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Une adaptation décevante du roman intimiste de Christine Angot.

À plus d’un titre, le projet semble ambitieux et prometteur. Un amour impossible, le roman de Christine Angot conjugue romanesque et passion pour révéler la part la plus douloureuse et intime de son passé. Comme aime à le souligner Catherine Corsini lors de la présentation publique de son adaptation, en cette période de libération de la parole féminine, ce récit fait œuvre de témoignage. Mais l’adaptation littéraire est également un exercice périlleux où les écueils sont légion et sans appel. La preuve nous en est malheureusement donnée ici.

 

Une vie à attendre

On comprend très rapidement que les ingrédients du romantisme ne donneront pas lieu à la passion attendue. Dans la courte première partie du film, la seule vraiment réussie, au creux de la fougue sensuelle qui saisit les deux amants Catherine Corsini irrigue subtilement un mystérieux parfum de malaise. Coup de théâtre annoncé : Philippe applique son plan de vie ; celui d’un amant libre désireux de parcourir seul le monde, laissant Rachel élever seule leur enfant. A partir de là, scolairement soucieuse de respecter les événements évoqués dans le roman, Catherine Corsini se montre incapable de les faire vivre de l’intérieur. En grande partie par l’ absence de pulsations, celles qui font la force de la plume concise et vive d’Angot. Nous voilà donc plongés dans un récit simplement programmatique, sans âme : la monotonie d’un modeste quotidien simplement rehaussée par les retours de moins en moins fréquents de Philippe.

Traduire l’indicible

Chantal devenue adolescente, Philippe commence enfin à lui porter de l’intérêt. Fascinée, la jeune fille multiplie les séjours en compagnie de son père. Une grande partie de leur relation restera cependant hors-champ. Un choix louable de mise en scène, qui, outre le fait de fait de préserver une part de non-dit, permet d’éviter toute forme de provocation. Le terrible secret doit cependant nous être révélé. Cela viendra de la plus maladroite des manières ; dans une scène finale lourdement explicative, durant laquelle Chantal semble s’adresser plus directement aux spectateurs qu’à sa pauvre mère. D’une façon beaucoup plus large et préjudiciable, Catherine Corsini n’a pas su traduire les maux d’Angot autrement que par des mots. À l’exception des deux échanges épistolaires filmés en champs-contrechamps, la réalisatrice ne tente rien pour sortir sa mise en scène d’un académisme lénifiant. Laissant une voix- off, souvent très illustrative, se charger de meubler les scènes.

 

Erreur de casting

Commençons par souligner le choix judicieux de Niels Schneider, convaincant dans son rôle de charmeur hypnotique et vénéneux. Mais, le personnage central et omniprésent repose sur les épaules bien trop justes de Virginie Efira, une actrice qui manque visiblement de talent dramatique et surtout de travail pour en avoir. À commencer par cette incapacité à gommer totalement son accent belge (bien perceptible dans certaines intonations), pour interpréter une pure berrichonne des années cinquante. Certes Hélène n’est pas une érudite, comme aime à lui rappeler avec un malin plaisir son amant. Les dures leçons de l’existence ont eu peu d’effet sur ses vains espoirs de bonheur. Mais de là a en faire une pauvre falote sempiternellement bienveillante, il y a un fossé à ne pas franchir. En proposant une si faible palette d’expressivités : il ne suffit pas de savoir pleurer et sourire naïvement, Virginie Efira apparaît dépassée par ce rôle à contre-emploi.

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Durée : 135 mn


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