Thelma et Louise raconte la route de ces deux femmes écrasées par la conception traditionnelle (consciente ou inconsciente) des deux sexes dans la société, rompant avec une décennie Reaganienne assez réactionnaire, placée sous le joug du cinéma testostérone de l’action-man (Delta Force, Cobra et autres Die Hard). Car si le film n’apporte pas, en soi, une révolution formelle ou esthétique, Thelma et Louise tient son importance culturelle par la mise en lumière qu’il apporte sur des non-dits et des tabous trop souvent exclus des écrans, et celui, tout particulièrement, de la culture nauséabonde du viol (même si le viol n’est pas pour la première fois le sujet d’une œuvre grand public, Jonathan Kaplan en faisant le sujet principal de son film, Les Accusés, en 1988). Thelma et Louise est donc profondément social et parvient, assez miraculeusement vu le destin tragique de ses deux héroïnes, à ne tomber ni dans le cynisme ni dans le misérabilisme d’une condition féminine pourtant assez mal embarquée. Car au-delà du constat implacable de l’impossibilité de liberté décrit ici (encerclées par la police, Thelma et Louise finissent par se jeter dans le Grand Canyon dans un final mémorable), Callie Khouri, la scénariste oscarisée à l’occasion, distille les contre-points moraux à la position d’infériorité imposée à la femme dans le film. C’est Harvey Keitel en enquêteur bienveillant ou Michael Madsen en petit ami tolérant qui désamorcent tout manichéisme malvenu et soulignent l’impuissance de certains hommes vis-à-vis de leurs pairs misogynes, ajoutant une dimension de plus à une oeuvre qui en disait déjà beaucoup.
Thelma et Louise (Ridley Scott, 1991)
Article écrit par Corentin Lê
Sans révolutionner le genre, Thelma et Louise tient son rang de road-movie culte par la mise en avant d’un sujet jusqu’ici peu représenté : le viol et l’engrenage vicieux de la culpabilisation systématique de ses victimes, à travers une pulsion de vie qui s’avérera paradoxalement fatale.
Thelma et Louise raconte la route de ces deux femmes écrasées par la conception traditionnelle (consciente ou inconsciente) des deux sexes dans la société, rompant avec une décennie Reaganienne assez réactionnaire, placée sous le joug du cinéma testostérone de l’action-man (Delta Force, Cobra et autres Die Hard). Car si le film n’apporte pas, en soi, une révolution formelle ou esthétique, Thelma et Louise tient son importance culturelle par la mise en lumière qu’il apporte sur des non-dits et des tabous trop souvent exclus des écrans, et celui, tout particulièrement, de la culture nauséabonde du viol (même si le viol n’est pas pour la première fois le sujet d’une œuvre grand public, Jonathan Kaplan en faisant le sujet principal de son film, Les Accusés, en 1988). Thelma et Louise est donc profondément social et parvient, assez miraculeusement vu le destin tragique de ses deux héroïnes, à ne tomber ni dans le cynisme ni dans le misérabilisme d’une condition féminine pourtant assez mal embarquée. Car au-delà du constat implacable de l’impossibilité de liberté décrit ici (encerclées par la police, Thelma et Louise finissent par se jeter dans le Grand Canyon dans un final mémorable), Callie Khouri, la scénariste oscarisée à l’occasion, distille les contre-points moraux à la position d’infériorité imposée à la femme dans le film. C’est Harvey Keitel en enquêteur bienveillant ou Michael Madsen en petit ami tolérant qui désamorcent tout manichéisme malvenu et soulignent l’impuissance de certains hommes vis-à-vis de leurs pairs misogynes, ajoutant une dimension de plus à une oeuvre qui en disait déjà beaucoup.