Adapté d’un livre de Vito Russo (publié en 1981), The Celluloid Closet (le placard de celluloid) est une œuvre qui pourrait effrayer tant la bêtise évoquée y est conséquente. L’idée est simple : montrer en 100 minutes les méthodes radicales d’un Hollywood raciste, inculte et profondément hypocrite, qui employa les grand moyens pour dynamiter la vision réelle de l’homosexualité en la présentant sous des aspects grotesques et diffamants. Filmant en 1995, les deux cinéastes vont questionner plusieurs intervenants ayant de près ou de loin un rapport avec cette thématique qui continue de nos jours à éveiller une certaine rancœur vis-à-vis d’un mythe cinématographique. De Gore Vidal (scénariste non crédité sur Ben-Hur), à Armistead Maupin (journaliste et auteur de la série Les Chroniques de San Francisco), en passant par Tony Curtis (acteur qui joua l’une des travesties dans Certains l’aiment chaud ainsi que le servant de Laurence Olivier dans Spartacus), et Tom Hanks (interprète principal de Philadelphie), tous sont unanimes en reconnaissant l’ignominie de cette censure, qui dénatura et déréalisa bon nombres de créations cinématographiques.



The Celluloid Closet est une réussite car les deux auteurs refusent de verser dans le sentimentalisme ou dans l’attaque bestiale. En adoptant un point de vue plutôt sobre, Epstein & Friedman placent l’Histoire au premier rang de cette aventure. Selon eux, le contexte social et historique est d’une importance capitale, car si les gays furent représentés comme des imbéciles, des lâches ou bien des anormaux qu’il ne faut en aucun cas fréquenter, c’est parce que la société de l’époque l’entendait ainsi. Au sein d’Hollywood, l’hypocrisie était malheureusement omniprésente, tant les producteurs s’accordaient à ne pas discuter les lois étatiques. Au lieu de contrer ces lois, ils préféraient « différencier » les homosexuels en les placardant dans une sphère où tous les clichés régnaient en maitre. Tout comme avec la représentation du Noir, Hollywood refusa d’intégrer dans son cercle d’initiés ces « gens-là », qui buvaient leur thé, le p’tit doigt en l’air.
Il serait impossible aujourd’hui de réaliser une œuvre telle que La Rumeur de William Wyler, où une lesbienne pardonnait à son amie d’avoir eu des pensées diaboliques. Impensable car trop loin de la libéralisation des mœurs. En une trentaine d’années, Hollywood s’est libéré de ses dinosaures et s’est amusé à ouvrir les fenêtres de son domicile pour s’imprégner de l’air du temps. Au tour des américains « d’origine étrangère »… non ?