Tel Aviv-Beyrouth

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Road movie sous les bombes entre Israël et Liban.

Entre fiction et documentaire

Après quelques films très remarqués (Odessa… Odessa ! en 2005,  La Terre outragée en 2012 et Mizrahim. Les oubliés de la Terre Promise en 2021), Michale Boganim s’est fait un nom dans le milieu pas toujours accueillant du cinéma mondial. Née à Haïfa, Michale Boganim étudie la philosophie à l’université hébraïque de Jérusalem avant de venir en France suivre les cours d’anthropologie de Jean Rouch. Elle intègre ensuite la National film School of London. Voici résumée en quelques mots la carrière d’une femme dont le style cinématographique est inclassable, entre fiction et documentaire. Son dernier film, sorte de road movie, raconte l’histoire de deux femmes, l’une Libanaise et l’autre Israëlienne, qui se retrouvent au moment des guerres répétées entre Israël et le Liban de 1984 à 2006. Entre le sud du Liban et Haïfa, la ville de naissance de la réalisatrice, l’Histoire vient à la fois bouleverser et réunir les destins individuels de ces deux femmes que tout pourrait opposer et que finalement tout réunit. 

La guerre absurde et cruelle

Conservant sa ligne de film documentaire, Michale Boganim tente ici avec peu de moyens de reconstruire les pans de l’Histoire de ces deux pays complémentaires mais ennemis. Et c’est une réussite. Elle définit ses intentions et le but de ce film vraiment historique en répondant aux questions de Charles Tesson dans le dossier de presse du film : « Le récit du film commence en 1984, aux premiers temps du Hezbollah et de cette collaboration, quand l’armée du Liban Sud est lâchée par le gouvernement libanais et récupérée par l’armée israélienne, qui paie les salaires des soldats, leur donne des armes et des médicaments en échange d’informations et de missions d’infiltration. L’armée israélienne s’est servie d’eux puis les a trahis au moment de son retrait, les abandonnant sans prévenir avant de les laisser finalement se réfugier en Israël. C’est ce que le film raconte. »

Deux actrices remarquables

Le tout donne un film magistral, tendre et cruel qui montre la guerre sous ses dehors absurdes et inévitables, sous les menaces des bombes, mais avec le courage des femmes. Ce n’est cependant pas un film féministe, mais un film humaniste qui fait naître de bonnes intentions après l’avoir vu. Le film est une réussite parce que Michale Boganim a pensé à tout ou presque : par exemple, au niveau des couleurs, elle a choisi des couleurs différentes selon que ses personnages se trouvent en Israël ou au Liban. En outre, elle a privilégié des plans longs, ce qui a nécessité bien sûr un grand travail surtout pour un film qui n’a pris que 27 jours de tournage. Il a donc fallu le préparer avant par le scénario, les repérages et les répétitions et c’est ce qu’elle explique aussi : « Mais cette chorégraphie cinématographique nécessite plus de temps. Pour cette raison, j’ai beaucoup préparé en amont la mise en place des plans, avec les comédiens et lors des repérages, et en dessinant ensuite des croquis avec les indications de mouvements de caméra et de découpage des scènes. » Et bien sûr l’interprétation est magnifique, notamment celle de ses deux actrices qui interprètent des rôles de femme déracinées, en errance. Zalfa Seurat, la fille du sociologue Michel Seurat, et Sarah Adler sont éblouissantes avec leur jeu sobre et solaire en même temps. 

Titre original : Tel Aviv-Beyrouth

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Durée : 116 mn


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