Tazzeka

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Les étoiles du Maroc.

Des images magnifiques

Jean-Philippe Gaud, Varois d’origine, élevé dans une famille amoureuse de cinéma et de bel canto, est devenu lauréat de la Fémis, dans la section montage. Il s’est fait connaître par divers courts métrages Mabrouk Moussa !, Deux fraises Tagada et Au quotidien, qui relate la vie d’une école dans le XVIIIe à Paris. Il met aussi en scène des opéras. Puis, grâce à l’obtention de l’aide à la conception du CNC et de la Bourse Beaumarchais, il attaque l’écriture de Tazzeka. Puis, avec Axelle Hutchings, il monte sa propre société de production, Takka Films, pour produire et réaliser ce premier long métrage, Tazzeka. Le film tire son nom du massif de Tazzeka au Nord du Maroc, où semble se dérouler cette histoire mise en images de façon sublime par Rémi Mazet dont il faut souligner le travail qui donne à ce premier long métrage une dimension absolument poétique. Par ailleurs, le scénario original qui raconte l’histoire d’un jeune Marocain qui a appris la cuisine par sa grand-mère et qui rêve de devenir chef à Paris, pèche un peu par naïveté et quelques invraisemblances, mais le film se laisse voir surtout qu’il est aussi magnifiquement interprété, notamment par Madi Belem, formé aux cours Florent, et révélation de l’année 2016, par le talentueux Abbes Zahmani, habitué aux seconds rôles prestigieux, et Olivier Sitruk, dans le rôle du chef français débarqué on ne sait trop comment dans ce bled paumé.

 

 

La cuisine comme art

Alors Elias, présenté au tout début enfant qui apprend de sa grand-mère comment rouler la farine, devient bien sûr cuisinier chez son oncle, Youssef, rétif bien sûr à toute innovation culinaire, et partisan du couscous et de la tajine comme tout bon Marocain. Elias rêve de mets succulents, de parfums différents, d’inventions olfactives, mais doit se contenter de ce que lui impose Youssef et oublier le carré d’agneau. On aurait dû s’en tenir à cette exploration des saveurs, et présenter ici le Maroc des plateaux où la vie est précaire, pauvre, mais pleine de poésie. C’était bien sûr en oubliant la puissance des médias et l’attirance quasiment mortifère des pays occidentaux, et notamment de la France, ce miroir aux alouettes. Un jour, lors d’un voyage touristique assez improbable, le grand chef français, Julien Blanc, qu’Elias connaît car il présente une émission phare sur la cuisine à la télévision française, vient déjeuner au petit restaurant de Youssef. Elias met les petits plats dans les grands et séduit pour un instant vite oublié par la suite le dit grand chef…

 

 

 

Un portrait trop artificiel de l’immigration

Alors, le film bascule car, à l’instar de son grand frère qui y a perdu la vie, Elias n’a plus qu’une seule envie : traverser le détroit de Gibraltar et venir en France comme tous ces pauvres gens qui se bercent d’illusions. Lors de son errance, Elias rencontre une famille africaine qui l’aide et le film bascule alors dans une sorte de téléfilm bien pensant qui présente l’immigration sous un jour quasiment idyllique, avec des gens qui se soutiennent et s’entraident, ce qui fait fi de la moindre connaissance de l’âme humaine hélas. Mais on pourrait passer sur cette naïveté, si le film ne se terminait pas par un happy end, plus qu’attendu, mais que le réalisateur aurait pu éviter pour éviter de délivrer un message un peu trop utopique. Mais il faut de l’utopie à notre société malade, le principal est de savoir comment la faire passer sans faire trop gnangnan, bref tout un programme. Le film en fait repose presque entièrement sur les images, la musique, la vie au Maroc et surtout les interprètes. On retiendra d’ailleurs ce que dit Madi Belem de son rôle dans le dossier de presse du film : « Un premier rôle comme celui d’Elias demande beaucoup d’investissement, je me suis engagé corps et âme car je sais que le film repose sur mes épaules et que le réalisateur a mis toute sa confiance en moi. Il vous confie des mois et des mois de travail pour mettre en chair son personnage. C’est l’une de mes expériences les plus enrichissantes. J’y ai mis le même amour que celui que Elias apporte à ses plats. »

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Durée : 95 mn


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