Sex and the City 2

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Les quatre pintades new-yorkaises sont de retour dans un film très cliché et pailleté, toutes mariées et désespérées. Qui a parlé de déjà-vu ?

Strass, aventures débridées et… pantoufles ? Le nouveau film de Michael Patrick King, réalisateur de la série culte Sex and the City, atteint le summum de l’ennui. Autrefois célibataires, accros au shopping et citadines actives, Carrie, Samantha, Miranda et Charlotte sont aujourd’hui mariées, superficielles et mères au foyer.

Aux oubliettes les héroïnes de la série

Où sont donc passées les icônes de la mode qui, dans la série à succès, donnaient des conseils en matière d’amour et de sexe ? Dans son petit appartement new-yorkais, Carrie Bradshaw écrivait sur son Mac sans complexe ni superflu, en belle célibataire qui l’assume. Dans Sex and the City 2, non seulement elle est passée au PC mais elle habite avec Big dans un appartement de l’Upper East Side, tout droit sorti d’un catalogue pour jeune couple marié sans vie, où rien ne bouge, même pas ses locataires. Quant à Samantha la sulfureuse, plus âgée que ses copines, on la retrouve dépendante des hormones, ménopausée à l’extrême et ne sachant plus quoi faire pour assouvir ses pulsions sexuelles. Tout aussi choquant, Miranda la sérieuse, confrontée au problème du machisme au travail, s’en sort en refusant son rôle de maman au foyer et replacée à celui de bonne copine un peu chiante qui planifie ses moindres mouvements. Seule Charlotte, plus prude, n’a pas bougé. L’épouse juive, devenue mère de deux enfants, conserve son rôle de petite mijaurée dépassée par les événements, rigolote et sensible.


Du bling-bling à Marrakech

Le film qui dure 2h26 se voulait être une comédie. Sauf qu’au final, difficile de rire face à tant de clichés et de raccourcis. Parties à Abu Dhabi pour faciliter le business de Samantha, dans le « nouveau Moyen-Orient », les quatre copines sont confrontées à la religion musulmane, à ses femmes voilées et ses règles à respecter en public. Outre l’avalanche de luxe et de bling-bling – palace à 22 000 dollars la nuit, robes de couture en plein désert, jet privé et major d’homme-esclave disponible 24h/24 – Sex and the City 2 manque cruellement d’aventure, d’histoires trépidantes, de nouveauté. Certaines scènes du film vont jusqu’à faire penser à un immense clip destiné à promouvoir le tourisme pour Abu Dhabi – même si le tournage a été réalisé au Maroc – voire à des clips vidéos pour chanteurs ringards – une scène de karaoké ridicule prônant le respect des femmes et le retour de Liza Minnelli, icône gay qui amuse la galerie.

Adieu la femme moderne

Les femmes sont du début à la fin tournées en ridicule. Musulmanes, elles vivent voilées, dominées par les hommes mais portant la dernière collection Vuitton sous leur niqab. Mariées, elles sont ennuyeuses à mourir, prêtes à tout pour répondre aux clichés du couple posé qui passe le cap des deux ans. Travailleuses, elles sont évidemment remises à leur place par des machos sans gêne ni respect. Mères au foyer, elles sont totalement dévouées à leur famille, en oubliant qui elles sont. Même dans le rôle d’une nounou sexy, attirant les regards des hommes, elles sont forcément lesbiennes et désintéressées.

Un joli conte de fée

Au pays de Carrie, se balader en Jimmy Choo en plein milieu d’un souk, parler avec une voix de petite fille et avoir une démarche de mannequin, c’est tout à fait normal. Le prince charmant existe toujours, elle l’a même épousé. Mais c’est après un baiser de deux secondes avec son ex Aidan et suite à une longue balade sur la plage pour « se retrouver » que la jolie blonde aux cheveux parfaits perd le contrôle de sa vie. Un talon de ses Jimmy Choo cassé nous aurait peut-être fait le même effet. De retour à New-York City, la princesse retrouve sa jolie vie où tout est bien dans le meilleur des mondes.

Peu divertissant, nettement moins léger que le premier film sorti en 2008, Sex and the City 2 a tout de la copie de Desperate Housewives et de Gossip Girl, sans l’humour et le glamour de ces séries. Sur un fond d’américanisme et culture de l’argent, le film est bien éloigné de l’esprit et de l’ambiance de la série culte Sex and the City démarrée il y a douze ans. A croire que le Cosmopolitan vieillit moins bien que le bon vin…

Titre original : Sex and the City 2

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Durée : 126 mn


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